Effleurer l'espoir !

 Après une grosse crise de migraine, je viens de me faire une sieste crapuleuse... J+3 de mal de crâne qui ne vient pas du hasard. Je sors mercredi d'une journée de réunion et de DUERP ( Document Unique d’Évaluation de Risques Professionnels). Dans un contexte très difficile en ce moment, le médico-social aussi est impacté par les problèmes financiers.

 Après 5 années de service dans la structure où j'exerce mon métier d'Aide Médico-Psychologique, aujourd'hui l'établissement est en puéril. Mon équipe et moi-même avions appris en avril que notre service ne pouvait plus continuer ainsi. Une délocalisation à 40km de là est envisagée... Ou si l'ARS (l'Agence Régionale de Santé) le veut bien, pour ne pas perdre notre équipe et notre poste, nous sommes prêts à envisager de nous lancer dans un nouveau projet plus pérenne et plus viable.... 

 Moment délicat où, nous devons de notre mieux continuer à accompagner les personnes que nous accueillons, tout en vivant le deuil d'un service dans lequel nous aimons travailler et en même temps trouver l'énergie nécessaire de nous animer pour un autre projet...

Un nouveau projet qui changerait toute notre façon de fonctionner, les fonctions que nous occupons...

 C'est fait... en tout cas mon bored-out est enfin passé ! Une année difficile où passant de l'ennui au travail à une dépression j'ai réussi à mettre le doigt sur le mal qui m'a rongé depuis des mois entiers.  S'ennuyer au travail au point d'en déprimer... Dur à entendre n'est-ce pas ? Quand d'autres te ramènent toujours à une autre réalité. Qui est la leur...

« Comment peux-tu donc te plaindre toi au moins tu as du travail ?

Y'en a qui aimerait être à ta place.

Payer à rien faire, mais c'est le pied !

J'aimerais moi ne pas avoir de charge de travail. »

 Ça c'est dit ! Ok !

J'ai pris l'habitude que les gens répondent toujours en fonction de leurs propres réalités ! De s'imaginer seulement être à ma place en fonction de là où eux se trouvent. Alors que tu es au fond du trou, tu passes ton temps à réfléchir à comment faire passer tes messages, à comment confier tes états d'âmes sans agresser l'autre... Quand leurs réactions sont déjà une forme de violence.

 Oui je me suis ennuyée au travail au point de perdre tout sens à mon activité. A questionner mon utilité, à vouloir me mettre en arrêt maladie pour cause de détresse psychique. A fumer plus de clopes que de raisons... A surfer sur le net pour trouver des choses à faire... 

Cet ennui au travail est venu consumer ma curiosité, décharger mes envies, effacer mon envie de rire. Il s'est concentré à me désanimer au fil des jours... Pour que je finisse par me dire que je n'avais jamais autant pleurer sur ces 10 dernières années que sur ces derniers mois.

 A fleur de peau, j'ai voulu rebondir. J'ai décidé de prendre mes clics et mes claques et hop hop j'annonce à tous que j'ai décidé de partir. 

« Mais partir où ? Tu vas faire quoi ? Tu vas faire comment ? Et sans argent comment tu vas faire ? T'es sûre, on a besoin de toi ici ! »

 Non, personne n'est indispensable... Pourquoi faut-il toujours apprendre à prendre de la distance par rapport aux angoisses des autres ? Les tiennes ne sont-elles pas suffisantes ? Encore des questions pour tenir en laisse ce besoin de partir, de retrouver du sens, de ressentir cette plénitude qui était mienne... Même ces questions-là... ne m'atteignaient plus... J'avais besoin de partir. Coûte que coûte je le ferai. Et je ferai en fonction. Ne pas voir le haut de la montagne... Juste la gravir, à petit pas... J'ai commencé à la gravir mais...

 A ce moment-là, je ne savais pas encore que j'étais en bored-out. J'aimais tellement mon travail, qu'il m'était impossible de voir les choses en face. Alors, je mettais tout sur le compte de ma vie personnelle. Le célibat, la trentaine et le chat...  Je mettais cela sur ma crise existentielle. Je trouvais même que je la faisais un peu tôt... J'en rigolais un peu en disant que j'étais en crise de milieu de vie. Tu parles !!

 Le jour où la nouvelle tombe au travail... quand on nous annonce la situation du service... Après une période de tristesse... Je me suis vue animée à nouveau. Prête pour de nouvelles aventures. Encore une belle opportunité à saisir. Un signe de la vie... Quelque chose qui me dit, il y a encore quelque chose pour toi ici... c'est là que j'ai compris que la dépression que je vivais venait non pas de ma vie personnelle... mais bien professionnelle.

 

 Prête à repartir ! Je veux voir... Je veux voir jusqu'où nous pouvons aller. Je veux voir si je trouverais un endroit où je pourrais à nouveau me loger pour apporter ma pierre à l'édifice. 

 Aujourd'hui, pour beaucoup qui me le demandent... Mon cul ? Il est encore entre deux chaises. 

• Si délocalisation il y a... je reprends mon chemin vers un autre lieu. Je m'en vais. Et je vais aller vivre autre chose. D'autres expériences m'attendent quelques part. J'ai encore plein d'envies que je n'ai pas encore réalisées... Ce vers quoi je souhaite tendre... Mais je n'en parlerai pas aujourd'hui.  
• Si nouveau projet... alors je vais tenter, essayer et voir... car vu le projet que nous avons pensé avec mon équipe... Y'a rien de pire pour moi... Peur du téléphone, peur de l'inconnu, peur d'entrer sur l'autoroute... Voilà ce qui sera mon quotidien. Téléphoner pour trouver des partenaires, prendre la voiture pour aller rencontrer des familles, se déplacer dans des lieux et endroits que je ne connais pas.

 Drôle n'est-ce pas comme la vie est faite ? Ma collègue pense que je partirai, elle qui connait mes angoisses. Moi je vois cela comme un défi. Pourquoi tout s'emboîte si bien alors que j'étais sur le point de partir ? C'est un signe pardi !

 Et il me dit : « Pour tout ça, tu es prête aujourd'hui ! Ce ne sont que des peurs... et tu as le courage en toi ! »

Pas de hasard dans la vie... JAMAIS !

 Il ne reste plus qu'à espérer... espérer que quoiqu'il advienne prochainement... quelque chose se dessine pour moi... Ma période de dépression est enfin passée... je suis ravie de reprendre du poil de la bête... malgré tristesse et deuil à vivre actuellement... 

A bientôt !

 Ju'.