"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard
“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud
“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel
13 juin 2017
Les 4 accords Toltèques & Moi
Je viens de survoler les 4 accords Toltèques de Don Miguel Ruiz. Si vous ne les connaissez pas les voici :
Que ta parole soit impeccable.
Ne prends rien personnellement.
Ne fais pas de supposition.
Fais toujours de ton mieux.
Je dois le reconnaître, suivre ces principes n'est pas toujours chose évidente... Surtout en ce moment, dans cette période charnière où je sais que mon poste est en jeu. Que l'instance supérieure, appelé Agence Régionale de Santé, va nous imposer un nouveau projet et que les personnes qui la représentent ne connaissent pas ton métier ! Qu'elles ont souligné le fait que les Aides Médico-Psychologique n'avaient rien à faire dans notre structure.
Certes, je sais que je suis en mesure d'aller de l'avant. Je sais que personnellement, je ne m'arrêterais pas au fait de perdre ce travail, car je sais pertinemment que j'ai les ressources nécessaires pour rebondir. Je ne crains pas pour mon avenir. Moi et ma petite personne avons déjà bien des projets à réaliser ailleurs...
Cependant, je dois bien l'avouer... Lorsque j'ai appris ce qu'il en était pour l'ARS... dans les heures qui ont suivi... J'ai ressenti beaucoup de tristesse suivi d'un sentiment de colère et d'injustice pour notre métier, ce qui m'a amené vers un sentiment d'indignation. C'est bien cela que je ressens aujourd'hui. Je suis indignée de voir à quel point, malgré notre formation, en un coup de revers, de mots dits (maudits !), nous nous sommes vus annulés et effacés. Comme si, le métier d'AMP n'avait pas sa place dans le médico-social...
A quoi servons-nous donc ? Pour ma part je le sais. Je sais que notre formation nous a formé à l'accompagnement au quotidien des personnes âgées, handicapées, en souffrance... Cet accompagnement - acté par notre présence, notre écoute, notre aide, notre soutien, notre respect pour la dignité humaine, notre patience et donc le temps que nous prenons pour autrui - a pour but de penser le bien-être, le maintien ou le développement de l'autonomie de la personne. La relation que nous entretenons n'est qu'un va et vient permanent d'humeurs et d'émotions. C'est avec cela que nous travaillons. C'est pour cela que nous faisons ce métier... Nous sommes la première chaîne du maillon de l'équipe pluridisciplinaire... Celles à qui les personnes se confient, celles qui deviennent le réceptacle de la violence, des angoisses des personnes... Celles qui reçoivent la douceur et la caresse des sourires des personnes. Celles qui sont dans le souci de chercher des moyens pour redonner de l'estime de soi aux autres, de créer une relation dans laquelle même les moments les plus difficiles peuvent devenir un moment agréable et serein. Celles qui proposent, qui tentent, qui essayent, qui créent des outils, des repères encore et encore... Tout cela dans le but de trouver un moyen d'apaiser un temps soit peu la souffrance, les angoisses au quotidien. Notre métier est avant tout celui de rencontrer l'autre afin de poser un regard bienveillant et d'entrer dans une relation vraie et authentique.
Voilà pourquoi j'aime mon métier et pourquoi cela me révolte. Car, soyons sérieux, ce métier existe depuis des années, cela ne date donc pas d'hier. Je suis étonnée de voir qu'aujourd'hui la place que nous occupions n'est encore pas claire pour les instances décisionnaires. Et ça craint... Alors c'est là que je n'arrive pas à suivre ce principe de l'accord...
Je voudrais bien essayer, mais en plus de ces accords, il y a une chose pour laquelle je donne de l'importance dans ma vie... C'est celle d'accueillir les pensées pour les laisser repartir, celle d'ouvrir les bras aux émotions même si je ne les reconnais pas tout de suite pour leur faire une petite place.
Faire des suppositions peut en effet parfois me monter le bourrichon, me faire aller là où je n'irai peut-être même pas dans la réalité. C'est aussi l'occasion pour mieux me préparer aux différentes éventualités...
Si l'ARS ne sait donc pas à quoi sert notre métier, comment réussira-t-elle à nous intégrer dans son nouveau projet ? Quoique, dans son nouveau projet, il est clair que l'AMP n'a pas du tout sa place. Reste plus qu'à savoir demain, quelle sera sa décision finale après l'argumentation de notre direction pour sauver tous les postes. Dans ce cas, comment combattre pour le métier ? Pour lui rendre la valeur qu'il mérite vraiment ?
Je fais de mon mieux... pour accueillir ces mouvements internes... Mes propres mouvements, comme ceux de l'équipe. Je fais de mon mieux, mais comme j'ai pu le souligner à mes collègues en ce moment, nous sommes tous dans le même bateau mais chacun avec sa solitude... Parce que chacun de nous avons un parcours, une vie différente qui fait que les enjeux sont différents pour tous... Certains conserveront leur emploi, d'autres dans l'incertitude et d'autres pas... Je fais partie des "autres dans l'incertitude..."
Je fais de mon mieux... pour tenir pour les enfants qui restent, qui encore sont là, qui n'ont rien demandé à personne... et qui pourtant sont comme des éponges et ressentent l'ambiance du service... Je fais de mon mieux, même si cela n'est pas évident tous les jours... Aller puiser en soi les ressources pour s'investir dans une période où avec mes collègues nous lâchons au fil des jours, où l'équipe est brisée, où le soutien qu'elle (l'équipe) apportait à chacun d'entre nous se fait de plus en plus silencieux, où l'épuisement se fait ressentir... Ce n'est pas évident de travailler dans ce contexte-là.
Je trouve cependant que nous avons encore le mérite d'être là... d'essayer encore de tenir compte des enfants... et être avec eux dans le moindre mal... Je sais que nous sommes capables de beaucoup mieux... Mais faire de son mieux, c'est faire avec les ressources que nous avons au moment présent... Et nous faisons de notre mieux pour rappeler l'autre à l'ordre quand il est prêt à flancher... Nous faisons de notre mieux pour dire "Reviens parmi nous car j'ai besoin de toi là. " Nous faisons de notre mieux pour avancer dans la journée, au fil des heures avec l'énergie que nous pouvons... ensemble... ou séparés... Mais nous faisons de notre mieux pour être encore là pour eux... ces petits loups...
Faire de son mieux, c'est bien le problème quand tout concoure à nier le mieux, le bien, et que les uns sont considérés comme des pions, les autres comme des kleenex et les troisièmes comme de la matière à exploiter ! Cependant tu as raison de tenir ces principes issus de la sagesse ancestrale.
Je crois que soit je suis dans le déni, soit je ne prends pas les choses personnellement.... Car dans l'ensemble, je suis plus révoltée pour la place qu'on donne (ou pas) à notre métier, que par ce qu'ils sont en train de me faire vivre personnellement... Il me semble important pour moi de ne pas porter la colère de l'égo... mais de la transformer en combat et le diriger vers la reconnaissance d'un métier, pour la collectivité...
Oui, c'est comme ça qu'on arrive à avancer et à conbstruire ensemble aussi. La colère, surtout celle de l'égo, ne peut être que mauvaise conseillère et engendre le repli sur soi, facteur d'échec. Je te dis courage à toi et à tes collègues pour la suite.
Faire de son mieux, c'est bien le problème quand tout concoure à nier le mieux, le bien, et que les uns sont considérés comme des pions, les autres comme des kleenex et les troisièmes comme de la matière à exploiter ! Cependant tu as raison de tenir ces principes issus de la sagesse ancestrale.
RépondreSupprimerJe crois que soit je suis dans le déni, soit je ne prends pas les choses personnellement.... Car dans l'ensemble, je suis plus révoltée pour la place qu'on donne (ou pas) à notre métier, que par ce qu'ils sont en train de me faire vivre personnellement...
SupprimerIl me semble important pour moi de ne pas porter la colère de l'égo... mais de la transformer en combat et le diriger vers la reconnaissance d'un métier, pour la collectivité...
Oui, c'est comme ça qu'on arrive à avancer et à conbstruire ensemble aussi. La colère, surtout celle de l'égo, ne peut être que mauvaise conseillère et engendre le repli sur soi, facteur d'échec. Je te dis courage à toi et à tes collègues pour la suite.
RépondreSupprimerMerci Délia !
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