Je dérange en me vivant telle que je suis."
Plus jamais je ne te rencontrerais de cette manière désormais.
“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud
“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel
Je suis toujours dans une forme de spontanéité, d'une certaine façon.
Dans cette spontanéité, je me laisse surprendre par mes choix de sujets. Dont je ne m'attends pas !
Depuis plusieurs semaines, j'ai un sujet au fond de moi que je voulais partager, mais je voulais laisser passer du temps pour que cela ne soit pas partager trop proche des séances vécues en réelles.
Et puis, l'envie m'est passée.
Ce matin, j'étais tranquillement dans mon cabinet, en train de me préparer à ma journée de travail. Et puis un moment, je feuillette ce calpin.
Une phrase que j'ai prononcée en séance à une cliente est notée là. Elle me saute aux yeux. Elle ravive le moment vécu où nous traversons ensemble la surprise de ma réponse et la complicité que cela a créé.
Ni une, ni deux... Je branche le micro, j'ouvre mon logiciel et je lance l'enregistrement.
Je me laisse à nouveau surprendre par ce que j'y raconte et par ce que j'intègre aussi pour moi-même dans ce que j'expose...
En toute intimité de psy Gestaltiste : "On s'en fout de l'après !"
"La surprise crée du mouvement."
J'ai le sentiment d'avoir les pieds joints dedans avec ce pseudo-podcast.
J’étais là, dans cette grande maison vide qui était si plein de monde autrefois.
Je me tiens face à ce frigo rempli de photos. Ce marqueur du temps qui passe.
D’une génération à l’autre.
Ce frigo me raconte des histoires... Nos histoires.
Celles de ceux qui m’ont été chers et qui ont disparu.
Celles de ceux qui viennent à peine de mettre un pied sur Terre.
Une vraie frise du temps.
Un rappel des liens d’autrefois et de ceux d’aujourd’hui.
Et je me suis arrêtée sur une photo de nous.
Une photo défraîchie par le temps, où l’on devine encore les silhouettes, les regards.
Je suis prise d'émotions.
Touchée par la beauté et l’innocence de notre jeunesse.
Cette bande de cousins, dont le cerveau n’était pas encore tout à fait développé, et dont le seul projet, à cette époque-là, était simplement de vivre ensemble qu'on nous étions ensemble.
Pas de responsabilités, pas de pièces rapportées.
Pas d’agendas de ministres.
Pas d’autres relations affectives.
Seulement nous : la famille.
Nous, qui nous considérions comme frères et sœurs.
Une bande de cousins, posée là un peu les uns sur les autres,
faisant des grimaces, pouffant de rire.
Une image figée dans le temps, témoin du plaisir simple d’être ensemble.
Ce moment, nous le reconnaissons en nous encore aujourd’hui.
C’est ce que chacun de nous a gardé de cette période de l’enfance :
un souvenir chéri, mais qui nous rend aussi profondément nostalgiques.
À cette époque, nos priorités étaient simples.
Pas de choix complexes, pas d’organisations dictées par des paramètres flous.
Aujourd’hui, se rassembler comme avant semble devenu presque impossible.
Il y a eu des incompréhensions, des jugements, parfois même du mépris,
qui se sont transmis en téléphone arabe,
transformant peu à peu la communication en poison.
Et pourtant… une chose demeure, enfouie mais intacte :
l’attachement.
Je le sens dans chaque moment partagé avec vous.
Je perçois ce désir d’être ensemble.
Et le regret, aussi, de ne pas y parvenir,
de ne pas réussir à recréer cela pour nos enfants.
En regardant cette photo, j’ai ressenti tout à la fois de l’amour, de la tendresse… et de la tristesse.
Oui, tout cela en même temps.
J’ai revu ces enfants que nous étions.
Et j’ai eu envie de leur dire :
"Je sais ce que nous sommes devenus."
Nous avons grandi trop vite.
Avec trop de négligence, trop d’expériences traumatiques.
En quelques années, nous voilà passés de l’insouciance à la quarantaine.
Chacun a mené ses propres combats,
des luttes intimes que personne ne connaîtra vraiment.
Nous avons perdu une part de la joie d’être ensemble.
Nourris par des attentes déçues, des blessures affectives non reconnues,
des cœurs qui se sont refermés.
La vie a tracé nos chemins.
Et malgré tout… je nous aime.
Je nous aime, même avec nos silences, nos distances, nos maladresses.
Je nous aime pour ce que nous avons été, pour ce que nous sommes devenus,
et pour ce que nous continuons à espérer encore… être ensemble.
Je garde en moi l’espoir discret, fragile mais vivant,
Que nos enfants puissent rire comme nous riions.
Que nos souvenirs deviennent des ponts, et non des murs.
Car au fond de chacun de nous,
je crois qu’il y a encore cette envie simple,
celle d’aimer… et d’être aimé.
Juste avec ce que l'on est.
Je me suis sentie un peu seule aujourd’hui face à ce que
j’ai traversé.
Les 15 minutes les plus stressantes de ma vie en tant que
praticienne.
Imaginer le pire parce que le client qui habituellement est toujours là 5 minutes avant n’arrive pas.
La dépression, les pensées
suicidaires et l’avoir laissé 2 semaines plus tôt dans un état de souffrance
que le pire traverse réellement mon esprit.
15 minutes à attendre si le client va arriver avant de
fermer la porte du cabinet. Et surtout à espérer qu’il va suffisamment bien
pour ne pas avoir commis le pire.
Lui faire un message pour lui rappeler que je l’attends.
Et continuer à imaginer ce qui pourrait se passer de pire
dans la vie contemporaine du client.
Me rappeler lui avoir dit deux semaines plus tôt que c’est le moment où il devrait tenir bon et surtout ne pas lâcher la thérapie alors que son système nerveux montre une envie intense de se retirer du monde.
Lui
rappeler que je suis là, que cet espace est le sien et qu’il est important. Me
souvenir qu’il m’a dit : « Ça me fait du bien de te parler et je
ferai tout pour ne pas lâcher la thérapie. »
Ne pas le voir 5 minutes avant l’heure dans la salle
d’attente et sentir qu’aujourd’hui ne sera pas comme d’habitude.
Tapoter l’index sur la table.
Respirer.
Attendre.
Préférer que le lien ne soit pas encore bien tissé et qu’il
m’ait oubliée que d’imaginer le pire…
Me demander si je n’ai pas de nouvelles, qu’est-ce que je
fais ?
Attendre et me demander si j’appelle après les 15 minutes posé par mon cadre.
Et si c’est la famille qui décroche ?
Et là penser… Je suis seule face à moi-même, à mes choix, à mon humanité, à mon éthique, à mon cadre ?! Et je vis pour la première fois les 15 minutes les plus longues et angoissantes de ma pratique.
Attendre un client qui n’arrive pas, parfois c’est aussi ça.
M’inquiéter pour lui. Me demander ce qui a bien pu se passer entre les séances.
Me demander comment il a traversé sa vie et s’il tient le coup.
Lui envoyer un message et lui dire que je l’attends, que ce
n’est pas habituel chez lui, que je suis inquiète et espérer que ce n’est qu’un
contre-temps.
Le connaître suffisamment pour savoir les pensées qu’il
pourrait avoir s’il a oublié et qui inhibe sa reprise de contact.
Imaginer toutes les configurations possibles.
Et puis envoyer un message encore. Lui rappeler que je suis
là, que s’il a oublié la séance, que ce n’est pas grave, je suis là pour la
prochaine séance, que notre lien reste intact et qu’il revienne vers moi poser
un autre RDV.
Puis essayer de rester tranquille. Continuer à vivre ma
journée avec cette boule au ventre. Non pas faire comme s’il ne se passait
rien. Rester connecter à la vie avec cette émotion. Et puis juste faire
confiance au lien que nous avons commencé à créer. Lui faire confiance, croire
qu’il retrouvera le moyen de reprendre contact avec moi.
Et recevoir des heures plus tard des excuses puis un merci
pour le message et pour la présence. Un message qui dit que cela l’a beaucoup
aidé et une demande de reprise de RDV.
Le lien est là. Fragile. Mais là.
Même si un moment, j’aurais pu perdre pied. Si je n’avais pas fait attention à sa structure et ses propres schémas, j’aurai pu distordre ce lien, prise moi-même par le réveil que provoque les silences de l’autre dans le lien chez moi. Alors j’ai dû m’accueillir un instant, comprendre que l’anxiété qui s’active m’appartient. M’accueillir pour pouvoir ensuite me mettre de côté.
Et lui envoyer le message qui nous a permis de nous remettre
dans la relation.
Je ne pensais pas qu'en reprenant la plume ici, j'aurais aussi par la même occasion repris le micro.
Me voilà à déposer mes réflexions, mes pensées, ma traversée, mon expérience dans mon activité de jeune praticienne en psychothérapie.
J'en suis venue finalement à créer une jaquette et mettre cela en ligne sur Youtube car Soundcloud ne prend pas plus de 3 audios sans payer et cela m'a limitée. Le seul lieu où je pouvais charger cela sans débourser des sous, c'était sur mon compte pro Youtube, ce qui m'a amenée à vouloir rendre esthétique le visuel de la vidéo.
Je n'ai pas prévu de tenir un podcast avec des épisodes réguliers. Je n'en ai pas forcément le temps ni l'énergie ni l'envie. Je n'ai aucun but de communication marketing derrière - Ce blog n'a aucun objectif professionnel non plus. - Donc pas de musique, pas d'intro, pas d'outro. Du brut. Comme lorsque j'écris.
Ici, c'est juste moi, dans l'extimité de ce que je choisis de laisser voir.
Moi, Ju'... qui prise dans un besoin de sortir hors de moi ce qui brûle à l'intérieur, j'allume le micro et je parle comme je parle à mes ami·es. Je réflechis et nomme comme je le fais en séance. Donc sans fioriture. Ce sont donc des audios posés là et enregistrés de manière spontanée. Prendre du plaisir, se faire du bien. Rester soi au max. C'est tout ce qui compte.
Il y a 1 mois, en revenant sur ce blog, je ne pensais pas que j'aurais eu besoin et envie de créer cet autre espace. Mais pourquoi pas ? Mon corps m'a poussée à le faire, j'en connaitrais peut être le sens et les raisons plus tard. Même si je ne sais pas non plus pour quelle raison, j'ai eu besoin de dire tout cela avant. Je suis comme dans une recherche d'alignement encore entre celle que je suis et ce que je voudrais tenir pour moi en tant que praticienne.
Et voici le dernier épisode qui m'a brûlée le ventre...
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Il y a des feux qu’on ne voit pas, mais qui brûlent fort, là, dans le ventre.
Ce week-end, j’ai compris que ma passion, ce n’est pas un métier, c’est un mouvement.
Ce qui m’anime, ce n’est pas “être psy” — c’est la rencontre.
La vraie, celle qui traverse, qui transforme, qui laisse une trace dans le silence.
Dans chaque séance, je redécouvre l’autre. Et je me redécouvre aussi.
Il y a ce moment précieux où quelque chose s’ouvre, où une lumière s’allume.
Et je me dis : c’est pour ça que je fais ce métier.
Pas pour le titre, mais pour le lien.
Pour ce qui ne se voit pas mais se ressent, pour ce qui naît dans l’espace entre deux êtres.
Cet épisode, c’est une plongée dans ce feu-là — celui qui fait de moi la thérapeute que je suis.
Il y a des situations parfois un peu surprenantes que je rencontre assez régulièrement dans ma vie.
Pas plus tard qu'hier, j'étais à un séminaire Business sur Paris où j'ai eu la chance d'avoir été invitée. Dans ces endroits, ce que j'aime par dessus tout, en plus d'être inspirée par les intervenant·es, c'est faire la rencontre de nouvelles personnes avec qui je peux connecter et agrandir le réseau.
Dans la salle VIP où nous sommes accueillis par un bon petit déjeuner, j'arrive tranquillement, prends le temps de sentir les lieux, les gens. Puis je me sers un café et au hasard du chemin que je prends, je me dirige vers deux femmes et les aborde. Je m'intéresse à elles, leur pose des questions et jusque là tout va bien.
Au fil de la discussion, au fond de moi, je sens que quelque chose me désaligne. Je sens dans mon corps que quelque chose m'insécurise un peu, ça manque d'ancrage. La rencontre ne me plaît pas.
Et puis tout à coup sortie de nulle part par rapport à notre discussion, la personne me regarde et me dit : "Tu voyages beaucoup ?!"
Je suis tellement surprise par sa question que je me mets à rire de gêne et lui dis : "Elle sort un peu de nulle part cette question. J'ai du mal à connecter avec notre discussion là."
Et puis ni une, ni deux... Elle me débite des messages...
S'il vous plaît, il est 9 heures du matin, je viens pour un séminaire Business pas pour de la voyance !
Ce qui me dérange dans ce genre de rencontre, c'est l'éthique qui n'existe pas. C'est toujours de constater que nombreuses personnes qui disent ressentir beaucoup de choses se comportent dans leur contact aux autres comme si l'autre n'existait pas.
Elles intrusent la frontière de l'autre sans demander la permission de transmettre leurs ressentis à la personne concernée alors qu'elles ne se connaissent que depuis 2 minutes.
Hier, je me suis laissée surprendre. Et comme je ressentais ce désalignement, elle m'a piquée dans le vif quand elle s'est mise à me débiter ce que "je dois faire.", car c'est ce que je déteste le plus entendre chez ces gens. Les "Tu dois, il faut !" quand cela me concerne évidemment !
Déjà d'une, merci le respect des limites ! Et puis surtout, je m'interroge sur comment ces personnes se sentent-elles vis à vis des autres, (toute puissance du sachant ?) pour s'autoriser ainsi à penser que les gens sont intéressés par leur message comme si elles étaient le messie ?
Et de deux ! Madame, mais savez-vous que la peur de parler en public est la plus grande peur des gens, elle est même plus importante que celle de mourir ? Ce que vous me dites n'a rien d'original et vous pouvez faire mouche avec des personnes qui manquent peut-être cruellement de confiance en soi.
Bien entendu, on ne dira pas que les "Ju' tu dois" parlent surtout de l'impact de ma relation qu'avait ma mère sur moi et cela m'hérisse d'autant plus les poils, notamment quand ma frontière était ouverte à la rencontre et poreuse en même temps ce matin-là.
Voilà une personne que je manquerai de croiser tout le reste de la journée.
Mais je ne vous dis pas, si elle n'est pas revenue à la charge lorsque j'étais assise à ma place. Elle me tape sur l'épaule et puis me dit : "T'as vu le signe de Tahiti par rapport à ce que je t'ai dit tout à l'heure ?" parce qu'il y avait, juste devant moi, un tahitien.
Quand on cherche des signes, on en trouve madame ! Et je suis sensible à ceux que je vois par moi-même non pas à ceux d'une dame qui me les fournit sans que je ne demande rien.
Peut-être voulait-elle finalement absolument me montrer ses capacités grâces aux synchronicités ? Elle semblait si fière d'elle, le sourire jusqu'aux oreilles, à se faire briller toute seule, sans même être en capacité de voir sur mon visage ce sourire forcé par la gêne.
Ce genre de comportement, chez les "médiums", je les mets dans la catégorie de la SPIRITUALITÉ NEW ÂGE.
Vous comprendrez dans ce billet que je fais le choix de l'agacement et du mépris [oui je suis humaine et je porte aussi cela en moi, et aujourd'hui je les laisse s'exprimer, même si c'est honteux de montrer du mépris]. Je fais le choix de me laisser dire ce qui a besoin juste d'être dit pour moi et pour laisser sortir cette énergie en moi. Le reste, j'en ferai mon affaire personnelle intérieure.
Mais si un jour je termine sur une des Îles de Tahiti ou dans les Dom-Tom pour transmettre mon message, [Lequel d'ailleurs ?!], je reviendrai, promis tête baissée...
Ou pas.
Car ici surtout, mon positionnement n'est pas de dire si je crois ou non en la voyance. Chacun ses croyances. Mais de dire ce qui m'agace dans le comportement de ces personnes... c'est que finalement, elles ne savent pas [encore] que le consentement, ce n'est pas que sexuel !
Ju'
Te déposer...
Tu déposes des mots qui arrachent tes tripes
Dans mon lieu protégé, ta honte se dévoile
Mot à maux, pas à pas, ta chair se met à poil,
Puis tout à coup, sans maudire un silence t'agrippe.
Dans ta voix retenue, tu t'enfonces nulle part,
Comme une bulle qui éclate et invite l'absolu.
Un calme bien étrange, un secret qui s'égare,
Puis le souffle coupé, tu te sens entendue.
Tu t'accroches à ma voix qui maintient notre lien,
Délivrée de ta haine encrassée en dedans,
Tu jettes au dehors le mâle quotidien,
Je te tiens proche de toi, "Que veux-tu maintenant ?"
Une envie de t'extraire du temps et du monde
Retrouver la chaleur d'une couette, d'un lit,
T'enfoncer dans l'oubli, effacer cet immonde,
T'entourer toute seule d'un sommeil infini.
Dans l'immensité de cette peine impudique,
Nos êtres se déposent en ton âme souveraine
Ta poésie du mal se dissipe en musique,
T'adoucis tous tes maux car j'en suis la gardienne.
09.10.2024
Ju'
Le dernier en date du 05.04.2025...
Dessin intuitif.
Mon cœur fait le point
entre deux feuilles d’oubli —
je pousse, enfin
La fête des morts tombe entre le 4 et le 5 avril chez les chinois.
Un tour au cimetière pour aller se remettre en contact symbolique avec nos ancêtres.
Après avoir pris le temps de laver les tombes, retirer la poussière, arracher les mauvaises herbes, arrive le moment où on dépose des offrandes, on allume de l'encens et on prie.
Et c'est là que j'ai ressenti, cette année, une ambivalence face à la tombe de ma grand-mère maternelle.
Un ressentiment face à la dureté de cet être et une envie d'aimer ce qui nous constitue, car nous sommes de la même veine, nous sommes du même sang.
Grand-mère...
Rien de ce que tu as été, de ce que ma mère a été, est encore, et de ce que je suis n'est délié.
Et pourtant, je m'entendais malgré moi penser : "Nous n'avons pas encore régler tous nos comptes." et puis cette part consciente qui arrivait de suite derrière : "Et pourtant, comme je comprends pourquoi tu as été si dure..."
J'ai vu en même temps nos liens intergénérationnels et comment chaque expérience et souffrance se transmettent d'une génération à l'autre. J'ai ressenti ta froideur, la dureté dans tes yeux. Les mêmes que je vois souvent dans ceux de ma mère et à travers lesquels j'ai grandi.
Je me suis longtemps dis... Être mère... Nous n'avons jamais su faire. Toi, elle et ses soeurs... Et puis moi.
A 22 ans, je disais : "Je ne veux pas être mère." et pourtant, aujourd'hui alors que l'horloge biologique fait résonner encore plus fort ce tic-tac contre le temps, je suis persuadée que j'aurai su l'être désormais.
Je ne sais pas encore si un jour je regretterai d'avoir créé ma propre prophétie, de m'être tant convaincue pendant toute ma vie que je ne voulais pas vous ressembler dans ce rôle maternel - et qui n'en portait que le nom - et qui m'a amenée à ne jamais prendre ce risque de ne pas savoir donner suffisamment d'amour à un enfant. Mon enfant.
Et le comble du comble, je me suis occupée des enfants des autres. J'ai aimé les enfants des autres. J'ai éduqué un peu aussi les enfants des autres. Et aujourd'hui, j'accompagne des adultes à cajoler l'enfant qu'ils ont été.
Rien n'est anodin, car en donnant à tous ces autres durant mon parcours, c'était aussi une façon de donner à l'enfant que j'étais ce que je n'avais pas reçu. Je l'ai souvent pensé même avant de démarrer ma thérapie. Cela me paraissait si clair que mes choix n'étaient pas anodins.
Je suis restée un moment là, à regarder la fumée se dissiper devant toi et puis...
Comme au musée, ou à la terrasse d'un café, je me suis mise à ressentir profondément... Mais qui connaît vraiment les histoires derrières tous ces visages sur ces tombes ?
Même toi, ma grand-mère, je ne sais pas grand chose de toi. Et même quand je demande à ta fille, ma mère... elle ne sait même pas te raconter. Elle n'a rien à dire sur toi, de votre lien, de votre relation. Alors, vois-tu, à part des faits factuels, dans lesquels je pourrai imaginer tes facteurs de risques pendant ta période développementale, je n'ai que ça à quoi me raccrocher.
Une grand-mère, orpheline à 9 ans. Une arrière grand-mère, morte écrasée par un arbre. Une maladie mentale parait-il aussi. Voilà les seules infos concrètes que j'ai de toi, de vous, de nous... Alors quelle mère as-tu eue toi aussi ? Comment t'es-tu toi-même construite dans ton attachement ? Quelle mère de substitution as-tu eu ?
On disait que tu pouvais être très dure, avec un regard noir et tranchant, ne laissant rien passer à personne. Je pense le connaître ce regard, tant je le retrouve dans les yeux de ma mère.
Et puis... Je t'ai regardée, puis j'ai regardé ma mère et puis rien. C'est là, ainsi, notre histoire.
Et comme au musée, ou à la terrasse d'un café, je me suis mise à ressentir profondément... Mais qui connaît vraiment les histoires derrière tous ces visages sur ces tombes ?
Je me suis mise à flâner entre les allées, m'arrêtant de part et d'autres à des endroits qui ont attiré mon attention. Imaginant derrière les dates de naissance, de décès, ces hommes et ces femmes en noir et blanc, ces enfants, ces ados qui n'ont pas vécu longtemps... des histoires... plein d'histoires...
Et puis... en avançant vers une tombe... je vois la photo d'un jeune homme... Un vieil monsieur arrive à ce moment-là. Je croise son regard alors qu'il commence à s'occuper de la tombe (de son fils ?). Je lui dis bonjour. J'aurais aimé me poser à côté de lui, lui parler. Mais une langue nous sépare.
Puis à 15 tombes dans la même allée de celle de ma grand-mère, je l'ai vu se retourner, la tête baissée, il a levé la main vers la tombe en guise d'un au revoir et s'en aller doucement en titubant.
J'ai regardé partir cet homme boitant et je me suis sentie profondément touchée par ce spot : ce vieil homme, la tombe d'un jeune homme... Un père et son fils (?)...
Je me suis mise à pleurer.
Aujourd'hui... 01 avril 2025... me suis-je fait un poisson d'avril à moi-même ?
J'ai ressenti au fond de moi aujourd'hui ce besoin de m'exprimer...
Mais cela ne devait pas passer par les mots déposés...
J'ai eu envie de déposer ma voix en toute intimité de Gestaltiste.
J'ai ouvert l'enregistreur, j'ai allumé mon micro... et je me suis mise à parler.
Dire ce qui me touche, ce qui me rend triste, parler de mon expérience de thérapeute en psychothérapie Gestalt qui débute dans sa pratique, et ouvrir la porte de cet envers du décor.
J'ai l'habitude de scripter mes vidéos ou mes audios pour aller vers l'essentiel mais là, ce n'est pas mon intention. Ici, je l'ai fait d'abord pour moi, pour déposer sous une autre forme mon expérience subjective et ce qui me traverse quand je me mets à parler sans trop réfléchir de ce que je vis.
C'est un peu comme si... je réservais cela à ceux qui auront envie d'écouter...
Car sur un blog... on préfère lire n'est-ce pas ? :-)
Voici le lien de mon premier épisode spontané :
Hier s'est tenu le vernissage d'arts-plastiques des cours municipaux de ma ville.
J'y ai exposé 6 de mes oeuvres et cela a été une expérience riche en émotions, en rencontres et en partage.
Être touchée de voir arriver une à une les personnes qui ont pris la peine de se déplacer, traverser l'Île de France sous une grande averse pour venir au vernissage, faire rencontrer mes 3 mondes (consoeurs, famille, copains), recevoir des compliments et des retours des différents élus de la ville sur mon travail et voir les magnifiques réactions des visiteurs devant mes productions, c'était un moment d'abondance folle pour moi.
Ma prof d'aquarelle me disait un jour qu'elle voyait mes peintures un jour exposées dans des galeries, mais que pour le moment je n'en avais pas encore assez produit. Elle n'arrête pas de me tanner depuis l'année dernière pour me dire que j'ai quelque chose d'original et que je pourrais les vendre.
Clairement, je peux vous dire que lorsque ma prof m'en a parlé pour la première fois, j'ai un peu ri, ne faisant pas du tout confiance en ce qu'elle me disait ou encore ne croyant pas à ce que mes œuvres puissent plaire à d'autres au point qu'ils pourraient vouloir les acquérir.
Curieuse que je suis, j'ai laissé infusé cette idée, et souhaitant me laisser vivre dans le lâcher prise et l'abondance, de prendre les choses comme des cadeaux que la vie me présente, j'ai fini par lui demander.
"Si tu étais à ma place... avec mes premières peintures, sans grande technique, tu les vendrais combien mes différentes peintures ?"
Les tarifs qu'elle m'a proposés m'ont à nouveau fait rire de gêne... "Non mais c'est trop pour moi, avec mon niveau je ne peux pas vendre mes tableaux à 1 000 euros. Je n'ai aucun nom."
Le temps passe. Et puis il y a ce fameux vernissage hier.
Et parmi les productions exposées, deux font réellement mouche et une interpelle beaucoup de monde. Je suis ravie, car ce sont les 3 qui sont sortis tout droit de ma tête, tandis que les 3 autres sont des imitations.
Aujourd'hui, je n'arrive même pas à poser des mots pour décrire tout ce qui se passe à l'intérieur de moi. Présenter mes tableaux, parler de ma démarche artistique, recevoir des "Votre tableau m'a totalement saisi sans que je ne comprenne pourquoi.", "Ju', j'ai entendu dire que quelqu'un voulait acheter ton tableau.", "Ju', j'ai vu plein de gens s'arrêter sur ton tableau sur le suicide, et prendre le temps de lire et de regarder ton travail.", "Ju', Eugène (prof de cours de technique de dessin) et moi (prof de cours d'aquarelle) pour nous tu es notre meilleur élément, moi j'adore te donner des cours. Regard tout ce qu'on dit de tes tableaux."
70 cm x 100 cm
Crayons & fusain sur carton
Vous vous rendez compte ? C'est tout nouveau pour moi tout ça ! Encore un autre monde qui s'ouvre à moi petit à petit....
Et dans tout cela.. Hier une personne est venue me voir pour acquérir : "Gravité Inversée." Elle m'explique que cette peinture l'attire et lui fait du bien. Qu'il y a ce quelque chose qu'elle ne peut expliquer mais qui lui plait. Elle me dit que cela lui rappelle un peu les dessins de Claude Ponti (un illustrateur d'album de jeunesse). Nous discutons de ses sensations (déformation professionnelle qui me fait lui poser des questions projectives), ensuite nous discutons du tarif. Et puis...
Je ne m'en remets toujours pas ce matin, d'une, qu'on veuille acquérir une peinture à moi et de deux, que j'ai accepté de la vendre !
Durant ces années d'absence...
J'ai acheté de l'aquarelle. Et puis un jour je me suis dis... Je ne sais pas dessiner ni peindre, c'est tellement frustrant que j'ai été prendre des cours l'année scolaire dernière.
J'ai commencé en septembre 2023 et celui-ci est mon deuxième tableau que j'ai nommé : Les 3 Danseuses. (Peinture 50 x 70 cm) et malheureusement, je n'arrive pas à retrouver l'originale que j'ai imitée ni le nom de l'artiste. (Désolée pour lui)
Il a été crée en fonction du thème imposé : LE MOUVEMENT
Et puis , il y a ce tableau ci-dessous (dimension A4) qui sera exposé ce samedi 22 au vernissage de la mairie de ma ville. Nous avons cette année 2024/2025 travaillé sur le thème imposé : LA GRAVITÉ.
Ce tableau fait partie des 6 œuvres que j'ai créées et qui seront exposées et que je prendrai tranquillement le temps de vous présenter.
Je n'ai pas choisi forcément de titre pour celui-ci. J'avais envie d'une approche plus poétique et j'ai donc choisi de composer un haïku pour accompagner ce tableau. Mais appelons-là pour l'occasion Beauté Suspendue.
En réalité, il s'agit d'une inspiration de la carte de l'impératrice du Lili White Tarot de Célia Malesville. D'ailleurs, j'en profite pour faire parler mon côté tarologue. L'impératrice, dans le tarot, c'est le potentiel créateur. La mère nourricière, celle qui prend soin et qui couve. Celle qui est dans l'énergie de mettre au monde sa création.
J'affectionne particulièrement ces deux tableaux, car ce sont un peu mes premiers... Je me suis sentie assez dépourvue au départ lorsque je me suis retrouvée face à la feuille blanche. Sachant ce que je souhaitais imiter comme peintures, je ne m'en sentais pas la capacité, n'ayant pas encore acquis les techniques de l'aquarelle et étant nulle en dessin. Mais bon... vous savez... une part de moi adore me défier !
Cette "Beauté Suspendue" je me suis entraînée pendant des heures pour ne serait-ce réussir à faire un visage de profil potable avant de me dire : "C'est bon, je peux me lancer !"
Je me rappelle l'avoir dessiné et commencé à la peindre un dimanche après-midi de tristesse. Cela m'a permis d'être tranquille avec mon émotion tout en la ressentant à l'intérieur de moi. J'ai eu la sensation au fil de cette création de l'avoir rendue plus légère.
Tandis que les trois danseuses... je savais que c'était réalisable pour moi. Le dessin est figuratif mais les proportions du corps n'étaient pas importantes. Je pouvais donc avoir droit à l'erreur... Ou du moins me retirer la pression de la perfection des proportions finalement ! Cette peinture, d'une taille assez grande, m'a permis surtout de faire des tests avec l'aquarelle et voir à quel point cette peinture est "vivante" et mobile. Donner l'impression du volume dans les formes n'était pas encore mon objectif !
Mais bon, lors du vernissage j'ai été surprise de voir que ce tableau des 3 danseuses a beaucoup été prise en photo. Et la fierté d'avoir entendu une maman dire à son fils : "Je prends la photo pour m'inspirer pour mes cours." Effet bizarre assuré quand on n'a pas l'habitude de cela !
Mais c'était agréable, puisque de 2 peintures l'année dernière, je passe à 6 créations cette année...
Je vous présente la suite ?
Et bien le bonjour ici !!!!
Il va me falloir un peu de temps pour pouvoir reprendre la route de la blogosphère et revenir petit à petit par ici.
Retrouver les mots.
Retrouver ma plume extime.
Redécouvrir ce dont je suis capable.
Dévoiler ce que je cache et qui peut se voir comme le nez au milieu du visage.
Ecrire, c'est quelque chose.
C'est une réelle façon de se laisser traverser par ce qui jaillit à l'intérieur de soi.
C'est retirer le brouillard qui embrume l'esprit parfois.
C'est parfois s'enrager, s'engager, pleurer et rire.
Je reviens ici sans bien trop savoir finalement de quelle manière je vais réinvestir cet espace. Mais je veux l'avoir pour moi.
Un espace d'expression et de création.
Un espace de dépôt, de confidence, de retenue aussi.
Une touche de couleurs différentes en fond.
Du temps qui est passé depuis ces années.
Je repeins les murs de ma maison pour les remettre au goût de mon ambiance intérieure.
Et puis... Je laisse voir là où les mots, l'énergie, le désir, la joie ou les peines me mèneront.
Nous verrons bien.. En attendant, je vais faire un tour sur les blog amis que je suis ravie de voir encore productifs.
Ju'