"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

5 juin 2025

Son scud : ce douloureux cadeau.


Je sais pas vous...
Mais moi, parfois quand j'intègre quelque chose de profond à l'intérieur de moi,
j'ai l'impression de ressentir une forme de légèreté étrange.
Vous savez, toutes ces phrases censées et déjà construites, que la tête sait que trop bien, mais que le corps n'a pas encore réussi à en faire l'expérience. 

Et quand il en fait l'expérience... moi... 
la sensation que j'en ai...
Et bien, elle ressemble à une baignoire pleine d'eau sale où tout à coup on retire le bouchon du syphon. 

L'eau crasseuse part dans un tourbillon et puis tout à coup...
L'engloutissement, l'avalement, le bruit un peu sourd.
Et là...
C'est le calme.
Le silence. 

Il se passe quoi ? 
Une lumière tout à coup s'allume dans l'immensité de mon être.

"Et si en fait, j'acceptais de déranger ?" 
"Oh mais c'est ça enfin ! Ce mode combat à l'intérieur de moi !"
"Je ne lutte pas contre les autres, je lutte contre moi-même."
"Je ne lutte pas contre les autres, je lutte contre leur reflet qu'ils ont de moi que je n'accepte pas." 

"Merde...
C'était sous mes yeux depuis si longtemps...."

Et là, en une fraction de seconde...
Pendant que je quitte mon appartement et que j'emprunte les escaliers vers le RDC... 
Tout cela me traverse. 

"Mais oui ! 
Je combats parce que je n'accepte pas de déranger."

"Mais oui !
Il suffirait maintenant que je sois tranquille avec cette idée.
Je dérange en me vivant telle que je suis." 

"Mais oui !
Cette épreuve relationnelle avec cet être cher - mon frère - a été un putain de cadeau douloureux !"'

Avec autant de tranquillité qu'il dirait : "J'aime pas le chocolat.", il m'a envoyé ce skud au milieu d'une discussion anodine. 
"Ce n'est même pas par rapport à moi, mais je n'aime pas ta personne." 

Le bide lacéré, le coeur écrasé, l'âme meurtrie...
J'ai suffoqué dans mes larmes quelques heures ce soir-là dans le silence de mon appartement. 
Je suis tombée dans les bras de mes amies thérapeutes le lendemain. 
Pendant deux jours, il m'a harcelée de messages de justification, de gashlighting, de minimisation et en remet une couche.





Et depuis... il s'est passé deux semaines.
Et je suis comme une baignoire dont on a vidé toute l'eau sale.
J'accepte qu'il n'aime pas ma personne. 
J'accepte de le déranger. 
Je vois la douloureuse résonnance à ma mère...

Je me suis sentie écrasée, mais je n'ai pas perdu de ma valeur. 
Je suis là.. et j'ai appris. 
J'ai vu le cycle infernal dans lequel je me suis laissé entraîner. 
Et en prononçant cette phrase dans la cage d'escalier : 
"Et si j'acceptais de déranger ?"
J'ai choisi à ce moment  précis de sortir de cette boucle.

Adieu mon frère.
Plus jamais je ne te rencontrerais de cette manière désormais.
Emotionnellement, j'ai lâché quelque chose avec toi.
Et je sens comme une lutte qui s'arrête à l'intérieur de moi.

Ju'


6 commentaires:

  1. Wouaou, c'est fort, très fort ce que tu écris là. Ça résonne en moi au plus profond.
    On a comme ça de ces fulgurances qui font les grands tournants de nos vies.
    Tu en as vécu une : un scud qui s'est transformé en tremplin vers un mieux, un nouveau pas vers la sérénité d'âme.
    Bien sûr que l'on dérange toujours quelqu'un. Ça paraît simple de le dire quans on a compris. Notre vie, notre réussite, notre physique, nos idées, tout peut déranger les jaloux, les envieux, ou les simplement différents de nous. Trop différents pour nous accepter ou nous comprendre. Mais accepter ce fait, ce n'est pas si facile.
    Peut-être que ma soeur me fait comprendre cela par son silence et son absence.
    Mine de rien, ton billet est une perle, une pépite.
    Merci Ju
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Célestine,
      Entre le savoir et l'incarner, il y encore parfois mille lieux qui nous séparent... La fulgurance, comme tu l'appelles, c'est ce saut intérieur qu'on croit vivre alors que tout nous préparer silencieusement à y accéder.

      Et quand ça descend en bas, cela vient s'ancrer dans le corps et les pieds. Ce moment renforce l'être. Je me suis sentie ultra forte à ce moment précis, cette sensation que le vent m'a soufflé dessus, mais je ne me déracine pas. Je laisse le vent passer même si ce n'est pas si simple... Il y a souvent un moment de chaos qui précède le changement.

      Je te remercie profondément pour ton commentaire parce qu'il vient toucher à un endroit précis de ce pourquoi j'aime lire et écrire en façon extime.
      Cela se rapproche de ces deux citations en accueil de mon blog :

      “ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud
      “ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

      Nous nous sommes rapprochées dans nos expériences.
      Et je suis ravie si tu as pu ramasser une pépite pour toi dans ta relation à ta soeur.
      Des bises Célestine !
      Ju'

      Supprimer
  2. Moi aussi, je me retrouve dans ton texte, Ju'. L'important est d'être soi, et non pas la personne que les autres voudraient que l'on soit, et tant pis si cela dérange. Je suis actuellement dans ce travail d'introspection, accepter de déplaire et de ne pas être aimée de tout le monde. Accepter que les choses soient ainsi. Accepter que certaines personnes s'éloignent. Résister à l'envie de plaire absolument pour les faire revenir. J'écris beaucoup moi aussi à ce sujet, et cela m'aide beaucoup.
    Bonne après-midi, Ju' ! :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Françoise, me voilà de retour après une petite semaine à Biarritz.
      Je suis ravie si tu peux te retrouver dans ce texte.
      C'est un chemin personnel que nous faisons plus ou moins tous à un moment de notre vie. Cela vient en même temps que nous découvrons ce qui est important pour tout de porter en soi pour apprendre à être tranquille avec soi.
      Je te souhaite de te rencontrer continuellement sur ce chemin.
      Des bises Françoise !

      Supprimer
  3. Ce qu'ils disent, bof, ça ne compte pas. Ce que dis un frère là c'est plus difficile mais ça n'engage pas ta personne.
    Moi j'aime me chocolat, les pêches et les fraises, le ciel bleu et ses merveilleux nuages. Et basta. Quand on me tourne le dos, j'avoue que je ne comprend pas. Quand c'est quelqu'un d'important... Les chagrins ça ne m'a pas changé fondamentalement mais ça m'a rendue meilleure, je crois.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Marine et bienvenue sur mon blog.
      Je te réponds avec un peu de retard.
      Je te remercie pour le partage de ton expérience et effectivement, comme tu le dis, si les chagrins nous permettent de grandir et d'en faire quelque chose c'est encore mieux !
      Au plaisir,
      Ju'

      Supprimer

Abonne-toi ici