"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

25 juillet 2017

D'une émotion à l'autre...




J’écris ce soir pour extérioriser ma tristesse… Pour me soutenir dans mon cheminement face aux différents deuils que je suis en train de vivre…



Encore trois petites journées à passer… Avant d’être en congés, avant de dire au revoir aux derniers enfants qui sont restés avec nous…
A la rentrée, nous serons toujours là sans l’être réellement… mais nous n’accompagnerons plus d’enfants. Nous serons encore dans les négociations de départ… et la réelle séparation avec les collègues se fera, je ne sais de quelle manière…

Demain, nous passerons notre dernière journée toutes ensemble… Même nos anciennes collègues nous rejoindrons pour trinquer à ces belles rencontres et pleurer peut-être de cette fermeture de service…
Je n’étais plutôt pas trop mal jusqu’à ce soir… Dans les préparatifs de cette journée de demain… lettres d’au revoir à certaines de mes collègues, petits cadeaux symboliques à offrir, projections sur ce que nous allons vivre une dernière fois ensemble…

Et là… J’ai une sacrée boule au ventre qui m’empêche de faire autre chose… comme à la veille d’un examen, d’un oral…

Depuis la semaine dernière, j’ai laissé traîner des factures à payer, les courses quotidiennes, le ménage… mon chat… Je suis même presque étonnée de me découvrir ainsi… Mais, je sais qu’il va y avoir tant de chamboulements dans ma vie d’ici les prochains jours… Je tente d’accueillir émotionnellement ce qui se passe dans mon for intérieur, alors il me semble que le reste n’est pour le moment pas gérable. Je suis submergée par la réalité matérielle...


Dans quelques jours, je me sépare de mon chat pour une durée indéterminée… Dans un mois, je me sépare de mon logement, et dans quelques temps de 10 ans de ma vie. Sans domicile fixe…

Et dans tout cela… même si cela n’est pas du tout confortable… j’essaie de maîtriser mes pensées pour pas qu’elles s’agitent trop vers un avenir que je ne connais pas… Il y a déjà tant de choses à supporter actuellement alors je tente de ne pas m’encombrer de la peur de l’incertitude. Ne pas regarder le haut de la montagne sans savoir quel chemin je vais emprunter, cela pour garder l’équilibre, pour ne pas avoir le vertige…

En attendant, les factures me font la gueule, mes longs cheveux noirs traînent fièrement sur le sol, l’évier de la cuisine commence légèrement à s’entasser… Mais, cette inertie compense tous les mouvements internes qui se jouent de moi…

J’entends encore la voix de quelques-unes de mes collègues me dire que contrairement à elles, il m’est plus facile d’accepter cette rupture concernant le travail et de partir puisque je sais que je ne resterai pas dans le coin. Certes, cela m’a aidée un temps… Le temps d’arriver à la fin de cette semaine… Le temps de laisser ce pénible mois de juillet passer… Le temps de retrouver aussi des vibrations, des jaillissements dans ma vie…

Mais aujourd’hui, je me sens triste, parce que je sais que ce temps-là est arrivé… Dire au revoir symboliquement aux collègues demain, c’est passer une étape de plus… C’est me préparer à ma prochaine séparation… Le chat… puis lorsque je reviendrai faire mes cartons… c’est encore une autre séparation… 

10 ans de ma vie, ici loin de ma famille, de mes amies d’enfance… Ce n’est pas rien quand on sait (pas !) que je n’ai que 32 ans… J’ai construit ici ma vie d’adulte… C’est ici que j’ai pris mon envol, que j’ai révélé une grande partie de mes potentialités, que j’ai fait mes plus belles Rencontres, et que j’ai vécu ma vraie première grande histoire d’amour ! Que j’ai aimé, désaimé, connu aussi la plénitude absolue, n’avoir plus peur de la mort et accepter qu’elle puisse un jour venir sonner à ma porte…
C’est ici où, j’ai eu l’impression de ne jamais avoir autant rayonné de ma vie, où la quête de sens m’a dit où se trouvait le bonheur… Où j’ai appris à comprendre mes émotions, à prendre dans mes bras la petite fille que j’étais, et surtout à aimer celle que je suis sans avoir besoin d’une béquille humaine. C’est ici même où j’ai appris à accepter de composer avec le sentiment de solitude et à faire confiance en la Vie.  

La vie est un cycle paraît-il ! Voilà donc un cycle de 10 ans qui va s’achever… alors oui, j’ai la boule au ventre… car le corps parle plus que les mots… Il dit tout ce que je tente de taire… car je sais au fond de moi….

Là, tout de suite, maintenant…
Oui, j’ai peur… 



Et c’est juste très inconfortable…

[Comme c’est ravissant de partir d’un sentiment de tristesse pour en arriver à la peur ! Le fonctionnement humain, et du moins le mien ici-même, m’étonnera toujours !]

                                                                                                                                            Ju’     





« Un changement profond sera précédé d'un grand moment d'inconfort, c'est le signe que vous êtes à vous réinventer. »  Nicole Bordeleau


24 juillet 2017

Les petits bonshommes allumettes





Avez-vous déjà entendu parler de la technique des « petits bonshommes allumettes » ? Cela fait déjà plusieurs années que je la connaissais, que je trouvais par ailleurs sympa et facile à réaliser. Mais, je n’avais pas essayé de m’y coller plus que cela !

Ce matin, je ne sais pour quelle raison, j’y suis revenue à ces petits bonshommes. Peut-être parce que j’ai beaucoup de choses à régler dans certaines de mes relations en ce moment. Peut-être parce que je ressens la nécessité de prendre de la distance et du recul dans les relations que j’entretiens avec les gens autour de moi… Amis, collègues, membres de la famille.  Peut-être parce que dans cette période de transition et de séparation avec tout un pan de ma vie, je ressens comme un besoin de tout remettre à plat…



Alors… Le concept « des petits bonshommes allumettes » est très bien expliqué par Jacques Martel dans les deux vidéos que je vous mets en fin d’article. Mais je vais malgré tout tenter avec mes mots d'expliquer en quoi cela consiste.

Cette pratique est une des manières de repenser nos liens d’attachements avec une personne, avec une situation ou avec une pensée. Par la symbolisation, à travers le dessin, et le découpage, elle va nous permettre de nous couper de ces liens.

Ces liens d’attachements ne sont pas des liens d’amour. Mais des liens qui peuvent être conscients ou inconscient, nous faire du bien ou nous faire souffrir. Des liens qui créent des conflits internes ou externes, et nous laissent dans la difficulté à lâcher prise.  

Cette pratique est simple et peut aider à nous libérer de ces liens d’attachement.  Elle nécessite juste : Une feuille, un stylo, une paire de ciseau et une situation ou une relation avec quelqu’un.

Je ne pense pas que dessiner sur un morceau de papier va tout changer dans ma vie, bien au contraire, sinon tout le monde le ferait. Mais les énergies que nous émettons dans l’intention que nous portons aux choses peuvent venir bousculer notre être intérieur.
Ce travail peut en effet être fait sans dessiner, sans petits bonshommes allumettes, mais pourquoi pas le symboliser, le rendre visuel et un peu plus concret ?

Pour ma part, ce matin, j’ai décidé de faire cela avec chaque personne des membres de mon équipe dont je vais bientôt me séparer, commençant par Victime car c'est elle qui m'est arrivée en premier en tête. De la situation de négociation dans laquelle je suis. Puis avec des membres de ma famille pour lesquels je m’inquiète ou qui me font soucis.
Je verrais bien si l’énergie de mon intention va venir bousculer quelque chose, mais en visualisant ce que j'avais l'intention de faire m'a rendue ce matin plus légère.

Et vous ? L’avez-vous déjà essayé ? En est-il ressorti quelque chose de positif ?


Ju’                       





18 juillet 2017

Toxique ma Victime !




Aujourd’hui j’aurai aimé parlé des personnes toxiques. J’ai constaté dernièrement que j’en avais quelques unes autour de moi. Une personne imposée, dans le cadre du travail, et l’autre que j’ai choisie finalement de faire entrer dans ma vie il y a bien des années de cela, j’en parlerai dans un autre article.

« Les victimes sont difficiles à identifier parce qu'on commence toujours par avoir de la compassion pour elles. Mais plus le temps passe, et plus l'on comprend qu'elles ont besoin de nous tout le temps. Les victimes refusent toute responsabilité en faisant du moindre obstacle une montagne impossible à franchir. Elles ne pensent pas que les périodes difficiles sont des occasions d'apprendre et d'évoluer. Un vieux dicton dit : "La douleur est inévitable mais souffrir est optionnel." Cela illustre tout à fait le côté toxique de la victime, qui choisit de souffrir tout le temps. »

Pour parler de Victime, c’est une personne qui est arrivée dans le cadre de mon travail il y a maintenant deux ans. Au départ, je travaillais très peu avec elle. Mais pour le peu de temps que je passais avec elle, elle me faisait ressentir quelque chose de désagréable. Notre relation n’était pas fluide, et j’avais toujours l’impression de fournir toujours plus pour faire en sorte que l’accompagnement auprès des enfants puisse se faire correctement.

A chaque fois que je me retrouvais avec elle, j’avais cette sensation d’être seule et de ne jamais travailler en binôme, comme avec tous mes autres collègues. [Nous proposons des groupes aux enfants, et les binômes changent en fonction des groupes proposés] Je ressentais cette sensation vraiment désagréable de devoir gérer ma collègue pour ESSAYER, TENTER un travail cohérent avec elle.
Victime me met mal à l’aise face à sa façon d’être auprès des enfants, sa façon de les manipuler sans verbaliser, de les prendre, de les retourner, de les contenir, sa façon de ne pas laisser la place à leur autonomie, sa façon de ne pas être patiente et d'être autoritaire, sa façon aussi de traiter les enfants « de gros bêta ou de sots… » alors qu’ils sont déficients, ont des troubles du comportement et que nous sommes là pour les accompagner. Sa façon de montrer son manque de bienveillance, et de n'avoir aucune conscience de ce comportement.

Je tenais plusieurs groupes de 4 à 5 enfants handicapés dont Victime que je comptais parmi eux. A chaque fois, cela me pompait de l’énergie. Au fur et à mesure du temps qui passe, bien que j’aie tenté par les différentes instances de parole proposées par la structure pour communiquer mes besoins de vraiment travailler en binôme, de pouvoir compter l’une sur l’autre, bien que j’aie tenté de lui parler directement en utilisant une parole impeccable, où j’énonçais seulement mes ressentis et mes besoins, ou même lorsque je verbalisais auprès des enfants ce qu’ils allaient faire, Victime se sentait toujours attaquée et mettait sans cesse à mal l’accompagnement auprès des enfants. Et moi plus elle me faisait ressentir ça et plus elle me transformait en bourreau. Bon, avouons-le, j’ai ressenti l’envie d’être son bourreau ou du moins, j’ai éprouvé tellement de violence à l’intérieur de moi, j’ai eu l’envie de lui éclater la tronche contre un mur !! [Enfin c’est dit !!!! Promis je ne suis pas encore passée à l’acte ! Encore 1 semaine et demi à tenir avant de ne plus jamais travailler avec Victime !]





Victime est une personne qui ne fait que de se plaindre. A peine arriver au travail le matin, elle a déjà tant de mauvaises choses à raconter. 
Son humeur est changeante [déprime-humeur neutre-ça va-déprime-déprime-neutre…], et notre rapport haine-amour envers elle en est tout autant.  Victime s’est isolée dès son arrivée chez nous, ne cherchant pas à faire connaissance, essayant sans cesse de toucher notre corde sensible dès lors qu’elle se sent prise en faute, pour que nous la plaignons et excusons sa passivité au travail ! [On comprend mais n’excuse pas ! Car on supporte ses carences pour tenir auprès des enfants !] Nous avons l’impression que l’esprit d’équipe est une notion qui la dépasse. Puisqu’elle se défend de tout et sur tout, il est devenu très difficile de travailler avec elle. Même lorsque je lui ouvre la porte de la communication, elle n’en franchit pas le seuil… Et laisse des traces de non-dits dans notre relation professionnelle. Victime a des difficultés à être en lien avec les autres, tandis qu'une complicité est nécessaire entre collègues pour faire ce travail, rien ne se tisse avec elle. C’est tout un projet à monter pour communiquer et travailler avec elle !



Pourtant, je vous le dis, ce n’est pas faute d’avoir tenté toutes les stratégies possibles pour faire que cela puisse marcher entre elle et nous. Tenter de proposer notre aide, mais Victime le vivait mal, et avait l’impression qu’on lui renvoyait au visage son incompétence.
Utiliser la communication non-violente, les bases de la PNL…
Proposer des temps d’échange en fin de journée pour partager un moment agréable ensemble en évoquant chacune nos 5 moments positifs de la journée.
Même tenter nous-mêmes de nous convaincre que nous sommes trop exigeantes, que nous travaillons avec des personnes différentes, pourquoi n’arrivons-nous donc pas à accepter la différence de notre collègue ?

Mais Victime est une personne toxique. Dès qu’elle est là, elle pollue l’air de son mal-être, de ses plaintes. Il n’est pas possible de parler avec elle sans devoir tourner ses phrases dans sa tête pour ne pas l’agresser, et cela pompe une énergie folle.
Je sais que Victime souffre, qu’elle ne doit pas avoir une histoire très facile pour être comme elle est et à son âge. Mais, au quotidien, Victime est pénible, elle porte sur son corps toute la lourdeur de sa vie, son mal-être à être au milieu des autres, son manque de confiance extrême et son manque d’empathie. Victime au quotidien est devenue un boulet qu’on trimballe, et que l’on combat pour ne pas baisser les bras au quotidien. Si elle n’était pas là, nous aurions pu mettre notre énergie ailleurs.

A l’heure actuelle, Victime est devenue inanimée en raison de ce que l’on vit au travail, s’est plainte de perdre son travail, en raison de son ancienneté elle ne pourra pas trouver aussi facilement du travail, mais n’a pas pu se battre avec nous pour tenter de sauver son emploi. Victime est si mal qu’elle n’arrive pas à se mobiliser, mais dans son semblant de soutien moral, nous fait vivre beaucoup de violence.
Plus les jours filent et plus Victime fait sa victime tout en oubliant que les autres sont sur le même bateau…  

Victime… se défile dès qu’elle peut en laissant derrière elle des collègues qui lui demandent de l’aide, du soutien… Victime n’en est pas capable, elle semble avoir besoin de régler ses problèmes personnels avant de continuer dans ce milieu… Car Victime ira polluer l’air de quelques-uns bientôt si ce travail n'est pas fait… En attendant, nous la traînons encore comme un boulet le temps des négociations…

Dans ma vie personnelle, dès lors que je me rends compte qu’une personne est toxique, je décide de m’en éloigner sans chercher à leur expliquer ma décision. Basta ! Hasta la vista baby ! La porte t'est fermée désormais !

Dans le cadre du travail, on se coltine la personne toxique et on cherche des stratégies pour ne pas devenir fou face à ce comportement irrationnel. Le garde-fou, c’est le travail. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun garde-fou… Il nous reste moins de deux semaines avant que les derniers enfants s’en aillent… je pourrais enfin bientôt lui tourner le dos et sauver ma santé psychique en espérant que Victime ne se prenne pas une raclée verbale avant !!




Je tiens à préciser que je ne nie pas la souffrance qui est la sienne...  Et je peux totalement la comprendre, mais je n'accepte pas qu'elle me pourrisse la vie....


Ju’