"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

28 décembre 2018

Petit Leo, la séparation & le temps....



Leo, mon neveu a 22 mois. 

Hier, ses parents l'ont laissé à la maison pour 5 jours. La séparation d'avec ses parents a été douloureuse. Etant proche de sa tata Ju'Lyn, il a cessé rapidement de pleurer. Mais toute la soirée, Leo a eu un énorme besoin de réconfort et de par son attachement affectif n'a pas pu, physiquement se séparer de moi. Sans ses parents et sans savoir quand est-ce que ses parents allaient revenir, petit Leo ne s'est pas senti en sécurité. 

Après une première nuit passé sans trop d'ombrage et une journée où Leo a pu s'amuser... il n'en reste pas moins que toute la journée il a réclamé son "Opa" (papa en Coréen). Ce soir, lorsque nous l'avons emmené à l'étage, Leo a été envahi d'une émotion de tristesse (d'angoisse ?). Il s'est laissé tomber sur le sol, s'est mis a pleuré intensément lorsqu'il a semblé avoir compris qu'il ne reverrait pas ses parents... Peut-être était-ce même le fait de ne pas savoir quand est-ce qu'il allait revoir ses parents ????

J'ai été extrêmement touchée par sa détresse, son incompréhension. Malgré les mots que nous avons posé toute la journée, Leo n'a pas de repères temporels. Les mots ne suffisent pas. Notre intention avec les mots ne suffisent pas. 
Je me suis alors questionnée. Quel outil, adapté à ses compétences, puis-je donc créé pour lui permettre de mieux appréhender cette séparation et le temps qui passe ? 
Petit Leo reconnaît déjà bien les images, les photos. Il est en mesure de faire lien avec différentes représentations d'un pingouin... En photo, en image, en dessin, en couleur, en noir et blanc, en peluche, sous différentes formes, tailles, etc. Mais sait-il reconnaître le dessin d'un lit ? d'un biberon ?  Avec quoi vais-je donc pouvoir l'aider à visualiser ? 
Il reconnaît les objets de son quotidien. Alors il me semble judicieux de me servir de photo.  

Ni une, ni deux... je prends donc des photos de sa chaise longue, de son lit, de son biberon... Je me suis dis que j'allais représenter à travers le temps qui passe ces temps clé de son quotidien... puis de ses parents. Ainsi, la verbalisation semblera plus efficace avec ce support visuel. 
Et là l'idée me vient de faire une petite (voire longue) frise... que je pourrai ensuite proposer à petit Leo. Chaque temps fort de son quotidien qu'il aura vécu sera retirer de cette frise. Ainsi, petit à petit, la frise va se réduire, et plus elle va se réduire plus Petit Leo se rapprochera des retrouvailles avec ses parents. 

Moyens du bord : Scotch de bricolage/peinture, un appareil photo, une imprimante, des ciseaux, et un traitement de texte pour créer tout cela !






J'ai montré cette frise à Leo. Je craignais une chose, c'est que petit Leo se mette à pleurer en voyant la photo de ses parents. Mais, je ne l'ai jamais vu aussi concerné et concentré qu'au moment où je lui ai expliqué la frise. "Tu vas manger, dormir, boire ton biberon, dormir, manger, biberon, [...] et là, papa et maman seront là." 
Leo s'est arrêté un instant sur la photo de ses parents. Il les a pointé du doigt, les a nommé, puis a pointé du doigt la photo du lit, du biberon, du repas... Il n'a pas pleuré. Je l'ai même senti soulagé, apaisé. J'ai eu l'impression que Leo en a saisi quelque chose. Je lui découpe alors la première photo en haut... celle du lit. "Tu vois Leo, c'est le lit. Tu vas aller faire dodo." Leo manifeste aucune opposition. Il semble serein. Je pense que pendant plusieurs jours, cet outil va aider à l’apaiser et à comprendre que ses parents vont revenir, même si ce n'est pas tout de suite, pas lorsque la sonnerie de la porte va retentir. 
Et si cet outil a marché ce soir et ne marchera plus demain... Je trouverai encore autre chose pour l'aider à mieux appréhender le monde qui l'entoure... 

23 décembre 2018

L'autre & moi dans la relation d'aide...






A la suite de l’enseignement reçu en philosophie et sur les différents grands pédagogues de l'Histoire, je souhaite évoquer la question de la « connaissance d’autrui notamment dans la relation d’aide. »  
La philosophie et notamment les différents auteurs étudiés m’amènent à me questionner sur ce que pourrait signifier pour moi « autrui », « l’autre », « l’altérité ». Mais également sur la question de « la rencontre » et de « la relation d’aide ». Ces notions me paraissent importantes dans mon futur travail d’éducatrice de jeunes enfants.  

« Autrui » désigne ce qui est autre que moi, l’ensemble des autres, donc l’ensemble des hommes. Le rapport à l’autre, pourrait ainsi signifier que je fais face à l’altérité, à ce qui est différent de moi, extérieur à moi, étranger à moi. Mais si l’autre est différent de moi, il est aussi et en même temps mon semblable. Il est mon Alter Ego[1], un autre sujet, un autre Soi, une autre conscience capable de penser le monde différemment de moi. Il me semble donc important dans mon rapport à l’autre, et notamment en tant qu’éducatrice de jeunes enfants, de tenir compte de cette double structure : le différent/le semblable, le sujet/l’objet dans ma relation à l’autre.
Plusieurs philosophes soutiennent l’idée qu’il n’est pas possible de prendre conscience de soi sans la présence d’autrui. C’est ainsi que l’autre me permet de me voir en train de faire, d’être. L’autre me permet d’être transportée par le sentiment d’exister. En tant qu’une conscience de soi, je permets également à l’autre de se voir, de s’observer, d’exister.
Selon Sartre[2], « l’enfer, c’est les autres », car partant du principe que le regard de l’autre me permet de prendre conscience de moi, il peut également être enfermant. Ce regard peut donc me figer dans une représentation de moi, me réifier et me dépersonnaliser. Ainsi, cela soulève la question de la bienveillance et de l’empathie[3]. Comment l’être humain peut-il sortir de cet « Enfer me ment [4]» ? Comment, en tant que travailleur social, je pose ce regard bienveillant sur la personne accompagnée afin de ne pas la chosifier ? Comment maintenir ou lui rendre sa dignité d’Homme, sa liberté ? Mais également, comment dans mon accompagnement je suis en mesure de ne pas me laisser réifier par l’institution mais également par la personne accompagnée qui peut également se servir de moi ?
            En effet, selon Hobbes[5] « l’homme est un loup pour l’homme », il n’est pas de nature sociable. Il ne peut selon lui avoir de rapport serein entre les hommes sans qu’il y ait au départ un conflit. Selon lui, pour qu’une société se construise, cela part toujours des rapports des hommes liés aux conflits et aux guerres. Le contrat et les règles instaurés par l’Etat par la suite maintiennent l’ordre. Chaque homme accepte alors l’idée de limiter sa liberté naturelle au profit d’une liberté sociétale pacifiée.

HEGEL : « Puisqu'il est nécessaire que chacune des deux consciences de soi, qui s'opposent l'une à l'autre, s'efforce de se manifester et de s'affirmer, devant l'autre et pour l'autre, comme un être-pour-soi absolu, par la même celle qui a préféré la vie à la liberté, et qui se révèle impuissante à faire, par elle-même et pour assurer son indépendance, abstraction de sa réalité sensible présente, entre ainsi dans le rapport de servitude. »

Hegel[6], quant à lui, dans La Phénoménologie de l’Esprit, amène sa réflexion sur « la dialectique du maître et de l’esclave », qui rejoint l’idée de conflit de Hobbes, avec ici en plus l’idée que parmi les deux individualités qui se confrontent à la relation, en ressortirait un dominant et un dominé. Le conflit serait alors inhérent à la condition humaine. Les deux hommes dans leur rapport à l’autre entretiennent une relation tendue, où l’un devient le « maître » et l’autre « l’esclave ». Je fais donc une analogie avec le travailleur social, qui pourrait alors, dans son rapport avec la personne accompagnée, se situer à une place de « sauveur », du « sachant » face à « une victime », « celle qui doit être sauvée », de « l’ignorant ».
Grâce à Hobbes et Hegel, j’ai ainsi pris conscience que la relation d’aide ne va pas de soi. La relation se construit face à mon rapport à l’altérité, au conflit interne que je vis provoqué par le rapport que j’ai avec l’autre. Je me demande alors comment il est possible d’y faire face ? Comment dans la relation à l’autre je peux nous[7] offrir la liberté d’être pour-soi ? C’est-à-dire, comment je peux me saisir du conflit pour tenter de rencontrer l’autre ? Comment je peux créer, dans ma relation avec l’autre, un contrat tacite permettant par la suite une qualité dans la relation d’aide ? La question aussi se pose pour moi de savoir comment il est possible de proposer un accompagnement où je ne me positionne pas en être « tout-puissant ». Comment puis-je rendre la relation d’aide plus humaine, c’est-à-dire, sans imposer, instaurer dans mon rapport à l’autre la question de ma supériorité et celle de son infériorité. Il me semble donc nécessaire de rester consciente de cela, pour mesurer ce qui peut se jouer dans la relation à l’autre afin de permettre une réelle rencontre humaine avant tout.

Pour conclure, il me semble important de me questionner sur ce que pourrait signifier pour moi la question de la rencontre et la manière dont il est possible d’accueillir l’autre dans la relation d’aide. Ce qui amène également la question de l’instauration de la confiance pour que cela puisse se faire. La rencontre ne peut, selon moi, se faire sans une disponibilité et une disposition d’accueil.
Il me semble qu'accueillir l’autre dans la relation n'est pas une mince affaire si toutefois nous avons l’intention de vouloir le faire correctement. Il oblige pour cela de se mettre dans des dispositions qui demandent à celui qui accueille une disponibilité quasi sans faille. C'est pourquoi accueillir une personne ne va pas non plus de soi et se prépare pour permettre à la personne et à nous-mêmes de pouvoir nous rencontrer. Pour cela, il semble nécessaire d’avoir conscience des enjeux dans la relation à l’autre, afin de pouvoir se mettre dans une attitude d'ouverture, d'être sensible et à l'écoute de l'autre. Ceci permettrait alors d'entendre au mieux ce que l’autre exprime, tant par sa parole mais aussi par sa communication non-verbale. Accueillir ce que la personne nous dit, nous invite alors à entrer en relation et à agir en fonction de ce que chacun peut éprouver, avec respect et tolérance. Comme dit précédemment, accueillir l’autre dans la relation oblige à se préparer à recevoir l'autre, dans sa différence et de se séparer de nos propres représentations. Ainsi nous pouvons lui laisser une place, le reconnaître et l’envisager en tant que sujet désirant puis de se préparer à l'altérité. Accueillir l’autre, c'est être en mesure de se séparer de ses représentations, tout en restant soi-même, pour en même temps mieux partager les différences. Il s’agit alors de la question de l’empathie de Carl Rogers[8].
L'accueil c'est la première chose que l'on dit de nous à l'autre, dans notre façon d'accueillir, dans notre posture. Si l'accueil n'est pas suffisamment pensé, me semble-t-il, nous avons peu de chance de mettre notre interlocuteur en confiance. Cela peut alors venir entraver la relation d’aide que nous essayons d'établir. Je rejoins aisément la pensée de Martin Buber qui dit que « la relation Je-Tu exige une ouverture totale du JE, qui s’expose ainsi à un refus et à un rejet total.[9] » On ne peut pas s’humaniser sans le dialogue, la rencontre et la relation à l’autre. 




[1] Alter Ego : Latin
[2] Jean-Paul Sartre (1905 – 1980) : Écrivain philosophe français
[3] Carl Rogers (1902 – 1987) : « L’empathie, c’est être presque l’autre sans être l’autre et sans cesser d’être soi-même. »
[4] Thomas d’Ansembourg (1957 - …) : avocat de formation, conférencier, consultant en relations humaines, thérapeute et formateur en communication non violente, parle ainsi de l’enfermement.
[5] Thomas Hobbes (1588 – 1679), philosophe anglais
[6] Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 – 1831), philosophe allemand
[7] Nous ici représente l’autre et moi dans la relation
[8] Carl Ransom Rogers (1902 – 1987), psychologue humaniste américain
[9] Martin Buber (1878 – 1965), philosophe, conteur et pédagogue israélien. Dans la relation, il y a toujours un risque. Pour pouvoir s’accomplir en tant qu’être humain, il est nécessaire d’avoir rencontré l’autre.

10 décembre 2018

Quand sert l'émoi...


Merde ! Merde ! Merde !

Voici les seuls mots dont je suis capable ce soir !



Mon ventre me brûle…

En cet instant où l’émotion chavire dans la tristesse… En même temps que vibre mon immense gratitude… Pour des mots gravés dans la synergie d’une certitude… L’instant présent ne se cherche pas… Il se vit et puis voilà !

Des graines de soleil sont venues
Comme des perles de pluie se déposer sur ma joue…
Je n’en suis pas encore revenue…

Vois-tu, pour quoi les mots me brûlent les doigts… Du sourire aux larmes, d’un message qui désarme… Je reçois en ce jour l’idée de notre belle rencontre… Pour une triste course désormais contre la montre…

Des graines de soleil sont venues
Comme des perles de pluie se déposer sur ma joue…
Je n’en suis pas encore revenue…

De ce que je peux, de ce que je veux… Je fais du temps qu’il reste une douce violence… Et dans l’étendue de mon amour, je bouleverse l’écueil du jour… Pour accueillir ce que j’aime de toi… Dessiner tes sourires, ton regard pleine de tendresse puis me laisser transporter par la lumière de tes mots… 

Quand sert l’émoi…













3 décembre 2018

Des compositions....










Il n’y a rien qui puisse défaire ce lien qui m’a uni à toi.
Aussi court fut-il ce temps, où nous tentions d’accorder nos notes dans une symphonie bancale à quatre mains. Lorsque je jouais le Printemps de Vivaldi, tu lui préférais son Hiver
Nous n’avions pas eu le temps de voir éclater ses couleurs d’Automne ni la chaleur de son Été.
Vois-tu, chaque saison a ses propres couleurs et dans l’ambiance hivernale de tes émotions, mes sentiments n’ont su prendre leur envol.
Donner vie à une relation n’est pas seulement animé que par le désir d’aimer ou d’être aimé puisque la Nocturne de Chopin pris plus un air de Silence de Beethoven hasardeux…
Rien ne m’empêchera, de garder de cette partition, les douces premières notes de Sérénade que nous avions composées à l’instar de Schubert…
Laisses donc l'Orage de Vivaldi gronder en toi pendant que je me retiens à la langueur du Clair de lune de Debussy…
Nous aurions au moins partagé une Poudre d’Or de Satie….
Et je t’en remercie infiniment...