"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

21 novembre 2017

Maux intimes, mots extimes...



Sur une consigne d'écriture en 100 mots dont le thème était "Je ne veux pas écrire à propos de...", Brigou, une participante de l'atelier a proposé ce texte :

"Je ne veux pas écrire à propos de ceux qui m'entourent et qui me sont chers. J'ai toujours préservé ma vie privée. Certaines personnes vous racontent rapidement leur histoire personnelle alors qu'on se connait à peine. Je suis à chaque fois très surprise. Comment peut-on se confier à un inconnu ? Comment peut-on aborder des sujets intimes ? Comment peut-on raconter sa vie en quelques mots ? J'écoute malgré tout.
Quant à moi, il me faut du temps pour parler librement et sans retenue et surtout avoir confiance en l'autre. M'épancher auprès de quelqu'un c'est chose rare pour moi ! "         

   de Brigou      


En lisant ces quelques lignes, je n'ai pas pu m'empêcher évidemment de me poser la question et tenter de répondre à ces questions, je les ai mises en lien avec mon rapport à l'écriture du blog...

Je crois tout d'abord que toute personne qui écrit, un jour ou à un autre de sa vie, questionne son entrée dans l'écriture et son rapport qu'elle entretient avec elle. A quoi nous sert-elle ? Que cela soit conscientisé ou non, quelque soit le genre que nous utilisons pour écrire, il est pour moi indéniable que l'auteur raconte une histoire, et dans cette histoire, on y voit aussi des bribes du monde interne de l'auteur. On transforme ainsi nos pulsions, nos incohérences, nos fantasmes, nos rêves en fiction, en poésie, en témoignage...
Écrire ne vient-il pas de la profondeur de soi ? C'est comme un mouvement interne, presque vital... car ne dit-on pas avoir ce "besoin d'écrire" ? Ce besoin se transforme en plaisir, avec des états internes assez incroyables durant la production, et la satisfaction, parfois "orgasmique" de mettre un point final, de ressentir le sentiment d'être vidé du trop plein de mots. 

Pour ma part, je crois que d'une façon ou d'une autre, quelque soit le genre, la forme que j'utilise, je vais chercher dans mes profondeurs pour puiser mon inspiration, et je me sers d'une certaine réalité de ma vie que je choisis sciemment d'exposer ou non.
Pour moi, l'écriture, c'est extirper hors de soi et déposer ce que les autres ne peuvent pas accueillir. C'est un rapport égocentrique, que l'on a avec soi-même. C'est la possibilité de se parler, de ne pas se laisser interrompre par l'autre (souvent les parents, les frères et/ou sœurs - dans l'enfance) - qui dans une écoute peu empathique peuvent laisser ce sentiment intense de ne pas exister... les tensions internes en plus de cela ne se calment pas. Écrire tout ce qui ne peut pas se dire. L'écriture naît-elle de là ? La mienne je pense que oui.

Autrefois, comme certainement beaucoup d'entre nous, j'écrivais et je le gardais pour moi. Avant l'ère d'Internet, écrire était une histoire juste entre Moi et Je. Des mots, des écrins, des incendies que je gardais (ou pas !) précieusement dans une boîte. Fermée à double tour, car ce que j'écrivais était à la limite du supportable... Ce que j'écrivais avait encore bien moins de censure que les mots que j'utilisais pour parler. L'écriture a laissé de la place à mon monde psychique, à tous les fantasmes, ce qui semblaient être tabous, interdits d'évoquer. Écrire, c'est se laisser donc la place de s'accueillir, de se dire, de se raconter, de laisser ce qui doit être Être.

Aussi loin que l'écriture a fait partie de ma vie, poésie, fiction, journal... Je ne peux pas aujourd'hui nier que j'essayais de transformer, de donner une forme potable à mes émotions, à mes expériences de vie, à mes questions physiques et méta-physiques. Je crois que cela n'a pas pas changé.

Avec Internet, l'écriture a pris un autre sens. Le partage était enfin possible. L'ouverture, avoir la possibilité d'avoir un reflet dans le miroir, m'ont permis d'avancer encore plus vite, de réfléchir encore plus loin. De mettre des pansements sur des failles narcissiques, de trouver un AUTRE que moi capable d'accueillir l'étrangeté, pourtant pas si étranger en moi, et inversement...


" Comment peut-on aborder des choses si intimes ? " se demande Brigou. 
Je ne lui demande pas de réponse, mais évidemment, la question peut également se poser à l'inverse. Pourquoi ne s'autorise-t-elle pas à le faire ? 
Cette question sur ceux et celles qui sont capables de se mettre en scène, de parler de soi, ne parle-t-elle pas aussi de ses propres interdits et de ses propres croyances venus d'une éducation sur plusieurs générations ? Il y a encore quelques années, je m'étais posée la question de savoir pourquoi il était si mal vu de parler de soi ? Pourquoi il était si mal vu de vouloir prendre soin de son égo ?
Peut-il nous mettre en danger que de parler de ce que tout le monde peut ressentir ou vivre ? Est-il si dangereux de parler de nos états d'âme, de nos émotions, de ce que tout à chacun peut traverser ?
Est-il risquer de s'offrir un espace pour se rencontrer ? Se rencontrer soi, laisser l'autre nous rencontrer, et rencontrer l'autre s'il se manifeste ?
J'ai souvent fait l'expérience, dans ma vie quotidienne et dans les échanges sur internet, que cela créait du lien entre les gens.

Qui n'a jamais lu un livre, et ressenti l'envie d'écrire à son auteur ?
La différence vient peut-être du fait que l'auteur, lui reste un "inconnu", une personne avec qui on n'est engagé en rien. Est-ce donc plus facile d'être voyeur du monde interne d'un inconnu que celui d'une personne que l'on connaît un peu ou que l'on côtoie ? Cela fait-il moins peur ? Cela engage-t-il moins ?  Je ne sais pas, ces questions me viennent à l'instant...

 " Comment peut-on se confier à un inconnu ? " m'interroge-t-elle lors de ma lecture.
Pour ma part, qui choisis de me raconter ici, je fais la différence entre l'inconnu que je croise dans la rue, lors d'une soirée, et l'inconnu qui vient à moi sur ce blog. L'approche est totalement différente, et évidemment, je n'irai pas raconter ma vie interne au premier inconnu que je croise. Au contraire même, mais l'inconnu qui te lit, qui a fait le choix de te lire, celui qui peut-être fera le choix de te contacter, de laisser un message, ce n'est pas moi qui suis aller vers lui...  Mes mots l'ont rencontré et il vient (ou non) à moi. Je n'ai donc pas l'impression de me confier à un inconnu, j'écris pour des "Uns connus". Nous sommes tous reliés. Me permettre d'entrevoir l'âme humaine est l'une des plus belles choses que l'on puisse m'offrir, à ma façon, je rends la pareille...

 Voilà toutes les raisons pour lesquelles, je suis capable de m'exposer ici.


 Ju'      





10 novembre 2017

Ces amours...







Où sont-elles passées ces amours le sais-tu ? 
Celles qui reviennent de façon incongrue
Déclarant de leur flamme ce qu'elles sont devenues
Ces amours que tu as si longtemps retenues...

Ces baisers volés, déposés, comme des caresses
Se sont envolés vers d’autres tendresses…
Des souvenirs, quelques traces de ce qu’il reste
Des mots tissent les larmes des derniers gestes.
Consommées puis rayées d’un trait maladroit,
Le beau ne loge à nul autre endroit.

Où sont-elles passées ces histoires anciennes, 
Qui surgissent chaque fois telle une rengaine,
Celles qui s’évanouissent d’un revers de cœur,
Qui blessent quand meurt chaque parcelle d’ardeur ?

Ils sont là tous ces hommes aimés
Qui n'ont pu te parfaire à leur image
Ils sont là tous ces hommes passés
 Qui n'ont pu suivre ton voyage
Ils sont loin tous ces hommes déçus
Qui n'ont été que de passage,
Ils sont souvenirs ces hommes déconvenus
Car ces amours n'étaient qu'un doux mirage...

10.11.2017
Ju'


Un peu d'indulgence... voilà longtemps que je n'avais pas écrit en vers...






9 novembre 2017

L'écriture inclusive



Je ne pensais pas que j'écrirai à ce sujet. Je ne me considère pas comme une littéraire, ni comme une personne qui manie bien la langue. J'aime juste écrire. Lorsque j'ai commencé à vraiment écrire, je me suis dotée d'un dictionnaire, d'un Bescherelle, et de tout bouquin qui pouvait m'aider à écrire correctement le français.

Je viens de loin. De très loin en ce qui concerne l'écriture. Si ce n'est pas pour dire, qu'en dehors d'écrire - mal - dans mes journaux intimes lorsque j'étais gamine, à l'école, j'étais bien plus que mauvaise en dictée !
 

J'avais toujours de très jolis zéro pointé à chaque fois, accompagné d'un -10 ou -6 à côté ! (Quelle violence l'école !) Bref, je faisais comme je pouvais, je relisais mais je ne trouvais jamais mes erreurs. Je confondais des lettres, les inversais, ne les doublais pas, je ne savais pas bien quand utiliser quel phonème. Arrivée au collège, mon français était comment dire ? Pourri ?!
J'avais également de grandes difficultés à utiliser le féminin ou le masculin. "Une serre-tête, un voiture, un chaise", en fait, j'inversais quasiment tout. Aujourd'hui encore, parfois il m'arrive de m'interroger sur le genre du mot..."Un ou une bidule-chouette ?" Du coup, j'ai besoin d'aller consulter le dico ! Alors c'est pour vous dire qu'avoir réussi mon concours écrit avec un 16/20 dernièrement relève de l'exploit ! Et je ne vous dis pas le nombre de fois où je me suis posée la question "Un ou une ?", j'ai une chance sur deux de me tromper de toute façon !!

Je repense à cela car, aujourd'hui encore, si je ne prends pas le temps de me poser la question, il m'arrive encore de me tromper. J'y pense, car je viens de faire un super commentaire chez une copine en lui écrivant "Quel beau retouche !" et puis direct clic, envoyé ! Et là tu te dis "MERDEEEEEEEEEEEEUUUH !!! ça recommence !" (Cassy, ça c'est pour toi hihi !)

Donc là, t'as évidemment pas envie de passer pour une conne, en blaguant, je lui remets en commentaire, étant donné que j'avais demandé un peu l'avis des copains dernièrement concernant le débat sur l'écriture inclusive, que finalement moi, si on pouvait supprimer le masculin et le féminin, cela m'arrangerait grandement ! Mais finalement, c'est pas si con !

Plus de prise de tête ! De savoir si la parité est là ! Plus de prise de tête de savoir comment on accorde un participe passé, un adjectif qualificatif et tout ce tralala qui a été pour moi d'une grande difficulté lorsque j'étais à l'école. 

Certes, dans le fond, oui, évidemment, je suis pour mettre sur un pied d'égalité le masculin et le féminin. Oui je pense qu'enseigner aux enfants dès le plus jeune âge que le masculin ne l'emporte pas sur le féminin peut faire changer le regard, ajouter évidemment à l'éducation, l'accompagnement des parents, éducateurs de l'enfant et de toutes les luttes autour de la parité femme/homme. 

Mais, mince... moi je trouve que ce point médian, ce mot qui finit par -eur.rice.s est totalement et esthétiquement moche. Et au final je ne sais pas si je serai en mesure de me soumettre à cette forme d'écriture. 

Moi qui utilise régulièrement le Chinois mandarin et l'anglais au quotidien, les noms ne sont pas genrés (ou presque pas !), si ce n'est ceux qui désignent directement le genre de la personne, de l'animal. 
En anglais, tranquille, ils mettent "The" devant tout alors qu'en chinois, et bien tu nommes le nom, il n'existe pas d'article.


En chinois "no prise de tête" ! Pas d'article, pas de conjugaison, pas d'accord ! Tu comprends tout, grâce aux compléments circonstanciels et le pluriel se trouve dans les pronoms démonstratifs "Ce/ces" et puis basta ! :-) Bon ils se prennent la tête bien ailleurs, mais je suis pas là pour parler de ça !

Bref, tout ça pour dire qu'en dehors du côté esthétique qui me gêne, dans le fond, le changement de l'écriture ne me dérangerait pas. Mais cela va me piquer les yeux très longtemps, moi qui ai pris tellement de temps à tenter de faire le moins d'erreur possible !

 Au point où nous en sommes, pourquoi n'inventeraient-ils pas des mots pour ces pluriels ?!
Les agriculteurs et agricultrices = Les agriculters (à prononcer comme les maltesers. 😝)
Les docteurs et doctoresses = Les docters
Les chanteurs et les chanteuses = Les chanters
Au fond, je crois que je préfèrerai cela, que de voir "Chanteur.euse.s", "Agriculteur.rice.s", "docteur.oresse.s"....


Mais enfin bon, je dis ce que j'en pense, mais je ne sais faire que ça ! comme tous ces français.e.s (Francers ?! 😋)

OUI AU CHANGEMENT !!! VIRONS LES GENRES !!! ET PLUS DE PRISE DE TÊTE.  SURTOUT POUR MOI ET MON FRANÇAIS !!! Pas de point médian ! Trouvons d'autres solutions. 😇😇😇

Bon bah voilà, j'en ai fini ! Mon prochain article tournera (encore?!!) autour de l'écriture et des mots... Encore ! Mais le fond du sujet sera tout autre !!!


Ju'              

5 novembre 2017

Le pouvoir des mots.


" Seule, je ne peux pas changer le monde, mais je peux lancer une pierre dans l'eau et ainsi provoquer de nombreuses vagues... " 

Mère Thérèsa



L'écriture, les mots ont été très présents dans ma vie ces derniers temps. Je me suis rendue compte ce matin que pour la première fois, je ne m'en suis pas forcément servi de manière égocentrique, ni seulement dans le but de vider mon sac, de prendre du recul, de faire mon "auto-analyse"...
Ni d'écrire pour raconter l'Autre.

Oui pour la première fois, je m'en suis servi pour des fins collectifs. 
Écriture de slogans, écriture de lettres, de courrier, de dossier... 

Écrire, n'était déjà pas un un geste anodin mais aujourd'hui il l'est encore moins. Car c'est aussi ma façon d'être dans la résistance, dans le combat. C'est mon moyen de transmettre, de faire réagir, ressentir, partager. C'est mon arme la plus forte, ma façon d'être au monde.

Écrire, ce n'est plus seulement pour laisser des pages jaunir avec le temps... C'est de pouvoir se connecter avec l'ici et le maintenant, c'est le pouvoir de relier les gens. De laisser trace et dire "Oui cela a un jour existé !"

Les mots ont été des pierres que j'ai lancées en ricochet sur l'eau. Puis en retour surviennent des ondes, des vibrations, des vagues de manifestations du cœur. Elles me sont revenues comme un merveilleux présent, un cadeau, de la part des autres. 

Écrire, pourtant geste ordinaire mais qui ouvre la voie de l'humanité, car dans son intention, dans son sens, dans le pouvoir qu'il a de percuter, toucher, attendrir le cœur de l'autre, il peut nous rendre notre dignité. Je le savais déjà... mais entre le savoir et le ressentir dans ses tripes c'est différent...

Ce n'est peut-être pas grand chose. Et pourtant, je me suis rendue compte que ces mots que nous avons distillés, ces pages que nous avons noircies, ces messages que nous avons voulu transmettre, ces intentions de respect et de dignité que nous avons mises dans nos actes, et notamment celui de l'écriture, ont un pouvoir si fort ! 

Je m'émerveille vraiment devant cela. 





Donc, pour revenir à du concret... 

  • Cette fameuse lettre ouverte ( évoquée ici ), je l'avais donc écrite, mais je ne trouvais pas le moment idéal pour l'envoyer. Le temps passant, j'oubliais un peu ce combat, prise par les difficultés rencontrées dans mon présent, jusqu'au jour où la colère me revient lorsque j'apprends le silence de nos gestionnaires concernant notre situation lors du conseil d'administration. La manière dont ils nous dénigrent jusqu'à la fin... La lettre ouverte a été envoyée puis diffusée le jour de notre licenciement. C'était il y a trois jours. Grâce à cette lettre, nous avons quitté notre boîte avec dignité. Nous avons eu le dernier mot. Et reçu marques de soutien d'autres collègues.
  • Retour également par rapport à notre dossier... le ministère de la Santé l'a transmis au secrétaire d'état, auprès du premier ministre. 
  • Notre lettre à l'Agence Régionale de Santé a permis à ce qu'elle se soucie de la situation difficile d'une famille et d'un enfant que nous accompagnions... et qui se sentent désormais sans soutien de notre part.
Nous avions lancé des pierres tout en ne sachant pas de quelles manières elles allaient ricocher... mais c'est chose faite ! L'eau ondule... notre travail est désormais terminé... nous ne saurons pas si il y aura des vagues... mais c'est terminé ! 


Demain est une autre histoire... Prendre rendez-vous à Pôle Emploi ! 


             Ju'