Cinq ans plus tard... à la relecture de cette lettre, je ressens comme une fierté de me dire que ces questions que je me posais il y a 5 ans... Voilà que j'ai les réponses qui vibrent dans mon être tout entier. J'ai réussi à y répondre, par ailleurs, grâce à cette dernière expérience vécue par le licenciement économique.
A cette période-là, voyez-vous, je connaissais pour la première fois de ma vie ce sentiment d'être heureuse, d'être bien, pleine, sereine... Je savais à cette période à quel point il était bon de se sentir en osmose avec soi-même, avec sa vie. De faire de belles rencontres, avoir de nouveaux amis, prendre plaisir à se réaliser pleinement dans son travail, dans ses activités. Avec le sentiment de n'avoir besoin de relation de couple pour me sentir pleine et heureuse. Je vivais une vie enivrante, et me redécouvrais une "seconde jeunesse" ! (cette expression va vous tiquer je le sais ! Connaissez-vous le film Benjamain Button ? Et bien, c'est ce que je ressens dans mon expérience de vie ! Vivre sa vie à l'envers... )

Et puis après quelques temps, cette belle vie devint une routine, une belle zone de confort. Pas malheureuse. Mais... comment se contenter de peu quand tout à coup... Je m'étais rendue compte que je n'avais plus de rêve, plus d'objectif, que je vivais une vie sans plus rien attendre... Ni des autres, ni de la vie, ni de toi-même... ?? Et pourtant, si ces questions étaient là, c'est que je voyais qu'il me restait encore bien des années à vivre, et cela m'angoissait à l'idée de vivre si longtemps cette vie-là, où tout va bien... Naïvement, je pensais que je vivrais cette vie là en permanence, ne laissant pas de place à l'imprévu... Une vie bien rodée, avec un super planning-timing !
Le réveil qui sonnait tous les matins à 7h30. La douche. Le ptit déj' à la va vite, la petite clope. Le tupperware. Le casque sur les oreilles avec France Inter, France culture ou France info... et hop 8h24, je refermais la porte derrière moi. Commençait alors mon moment préféré de ma journée... Celui que je nommais l'instant de l'éloge à la lenteur...
Pour tout bon marcheur, en 7 minutes chronos, t'arrive à mon boulot. Moi, je me donnais un peu moins de 20 minutes. Pour ressentir, observer, vivre le moment présent... Y'en a qui appelle ça méditer en marchant... Pourquoi pas !
Chaque jour, je découvrais un détail nouveau sur mon chemin vers le boulot. Je rencontrai quelques mêmes personnes, à qui j'ai souri et qui ont pris du temps, beaucoup de temps à répondre ! Les gens tirent la gueule quand même pas mal ! même loin de la grande ville !
Surtout cette vieille dame à la tête sévère, qui ne me calculait pas. Chaque jour je lui adressais mes bonjours, mes sourires ! Après bien 7 mois, elle finissait par m'esquisser un sourire, et tous les matins, nous papotions quelques minutes à mi-chemin... Elle avant qu'elle n'aille jusqu'à la boulangerie et à la maison de la presse, et moi jusqu'à mon travail. Un jour, je prendrai le temps de parler de cette gentille dame au visage sévère.
Donc, c'était mon moment de vie à moi... celui que je m'octroyais, avant d'aller donner de ma personne pour la vie des autres.
Cette vie là était belle... Elle avait du sens dans les petits détails du quotidien... mais j'avais besoin de rêves, de me remettre à vibrer, à redonner un autre sens à ma vie, à mes projets, de me réaliser...
Puis, clin d’œil de l'univers qui m'a poussée à me lancer, moi qui me logeais dans mon petit confort... On revient au début du blog, et j'apprends la fermeture de mon service...
Lettre à la vie... il y a 5 ans, je me posais la question de savoir si on pouvait être heureuse sans avoir d'attente, de rêves, en se dépouillant du superficiel... Le vrai bonheur pour moi n'est plus là où il était. Certes, c'est pas trop mal de se contenter de l'essentiel... Mais le bonheur est vraiment dans ce qu'on fait de sa vie et dans la manière de vivre les choses et de se sentir en accord avec le TOUT...
Je n'ai plus mon confort, plus de chez moi, plus de rythme au quotidien... et pourtant, je me sens heureuse... Parce que chaque jour qui passe, je cherche à me dépasser un peu plus, avec l'intention d'aller vers ce en quoi je crois. Et à chaque petit pas effectué, à chaque petite réussite, ce sentiment qui me traverse et qui m’anime me fait réaliser que non, mes rêves ne sont pas trop grands... Il suffit d'oser un peu plus chaque jour de m'en rapprocher.
Seule moi suis en mesure de le faire, personne ne le fera à ma place...
Et je le sais déjà, sur ma route, je vais rencontrer les personnes qui m'ouvriront de petites portes pour que je puisse aller vers là où je serai sensée être... Et cela a déjà commencé !