"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

21 octobre 2017

Quand la vie te répond...



A la même période, il y a 5 ans (oui oui ! Instant "nostalgie" oblige !!) j'écrivais cette Lettre à la vie… (Cliquez pour lire le texte)


Cinq ans plus tard... à la relecture de cette lettre, je ressens comme une fierté de me dire que ces questions que je me posais il y a 5 ans... Voilà que j'ai les réponses qui vibrent dans mon être tout entier. J'ai réussi à y répondre, par ailleurs, grâce à cette dernière expérience vécue par le licenciement économique. 

A cette période-là, voyez-vous, je connaissais pour la première fois de ma vie ce sentiment d'être heureuse, d'être bien, pleine, sereine... Je savais à cette période à quel point il était bon de se sentir en osmose avec soi-même, avec sa vie. De faire de belles rencontres, avoir de nouveaux amis, prendre plaisir à se réaliser pleinement dans son travail, dans ses activités. Avec le sentiment de n'avoir besoin de relation de couple pour me sentir pleine et heureuse. Je vivais une vie enivrante, et me redécouvrais une "seconde jeunesse" ! (cette expression va vous tiquer je le sais ! Connaissez-vous le film Benjamain Button ? Et bien, c'est ce que je ressens dans mon expérience de vie ! Vivre sa vie à l'envers...

Se lever pour aller travailler, dans une structure géniale, avec une chef géniale, des collègues vraiment sympas... Rock le lundi. Tennis de table le mardi dont j'étais bénévole et webmaster du club. Salsa, bachata le mercredi. West coast swing le jeudi... 8h de danse dans la semaine contre 7h de taffe par jour... Sans compter l'organisation des soirées danse, les soirées restos... Il ne me manquait même pas un homme dans ma vie, puisque cette forme de liberté sans contrainte, ni de compte à rendre à personne m'allait vraiment bien... Bref, la vie répondait en tout point à tout ce que je souhaitais à l'époque ! Heureuse au point même où je savais que je pouvais mourir en paix !

Et puis après quelques temps, cette belle vie devint une routine, une belle zone de confort. Pas malheureuse. Mais... comment se contenter de peu quand tout à coup... Je m'étais rendue compte que je n'avais plus de rêve, plus d'objectif, que je vivais une vie sans plus rien attendre... Ni des autres, ni de la vie, ni de toi-même... ?? Et pourtant, si ces questions étaient là, c'est que je voyais qu'il me restait encore bien des années à vivre, et cela m'angoissait à l'idée de vivre si longtemps cette vie-là, où tout va bien...  Naïvement, je pensais que je vivrais cette vie là en permanence, ne laissant pas de place à l'imprévu... Une vie bien rodée, avec un super planning-timing ! 

Le réveil qui sonnait tous les matins à 7h30. La douche. Le ptit déj' à la va vite, la petite clope. Le tupperware. Le casque sur les oreilles avec France Inter, France culture ou France info... et hop 8h24, je refermais la porte derrière moi. Commençait alors mon moment préféré de ma journée... Celui que je nommais l'instant de l'éloge à la lenteur... 
Pour tout bon marcheur, en 7 minutes chronos, t'arrive à mon boulot. Moi, je me donnais un peu moins de 20 minutes. Pour ressentir, observer, vivre le moment présent... Y'en a qui appelle ça méditer en marchant... Pourquoi pas ! 
Chaque jour, je découvrais un détail nouveau sur mon chemin vers le boulot. Je rencontrai quelques mêmes personnes, à qui j'ai souri et qui ont pris du temps, beaucoup de temps à répondre ! Les gens tirent la gueule quand même pas mal ! même loin de la grande ville !

Surtout cette vieille dame à la tête sévère, qui ne me calculait pas. Chaque jour je lui adressais mes bonjours, mes sourires ! Après bien 7 mois, elle finissait par m'esquisser un sourire, et tous les matins, nous papotions quelques minutes à mi-chemin... Elle avant qu'elle n'aille jusqu'à la boulangerie et à la maison de la presse, et moi jusqu'à mon travail. Un jour, je prendrai le temps de parler de cette gentille dame au visage sévère.  

Donc, c'était mon moment de vie à moi... celui que je m'octroyais, avant d'aller donner de ma personne pour la vie des autres. 

Cette vie là était belle... Elle avait du sens dans les petits détails du quotidien... mais j'avais besoin de rêves, de me remettre à vibrer, à redonner un autre sens à ma vie, à mes projets, de me réaliser... 

Puis, clin d’œil de l'univers qui m'a poussée à me lancer, moi qui me logeais dans mon petit confort... On revient au début du blog, et j'apprends la fermeture de mon service...

Lettre à la vie...  il y a 5 ans, je me posais la question de savoir si on pouvait être heureuse sans avoir d'attente, de rêves, en se dépouillant du superficiel... Le vrai bonheur pour moi n'est plus là où il était. Certes, c'est pas trop mal de se contenter de l'essentiel... Mais le bonheur est vraiment dans ce qu'on fait de sa vie et dans la manière de vivre les choses et de se sentir en accord avec le TOUT... 
Je n'ai plus mon confort, plus de chez moi, plus de rythme au quotidien... et pourtant, je me sens heureuse... Parce que chaque jour qui passe, je cherche à me dépasser un peu plus, avec l'intention d'aller vers ce en quoi je crois. Et à chaque petit pas effectué, à chaque petite réussite, ce sentiment qui me traverse et qui m’anime me fait réaliser que non, mes rêves ne sont pas trop grands... Il suffit d'oser un peu plus chaque jour de m'en rapprocher. 
Seule moi suis en mesure de le faire, personne ne le fera à ma place... 
Et je le sais déjà, sur ma route, je vais rencontrer les personnes qui m'ouvriront de petites portes pour que je puisse aller vers là où je serai sensée être... Et cela a déjà commencé ! 

Ju'






Nostalgie du travail




Parce que, en cet instant, un brin de nostalgie vient caresser mes souvenirs... Et je repense à ces familles que j'ai eu la chance de rencontrer, d'accompagner, de soutenir juste en me tenant à leurs côtés... 

Je repense alors à ce parcours du combattant, que beaucoup de familles vivent pour avoir une place en institution, en plus du deuil de l'enfant imaginaire pour cet enfant réel... handicapé, dont l'autonomie est amoindrie, dont la déficience intellectuelle est lourde... 

J'ai souvent été touchée par la force qui émanait de ces parents, dans leur cheminement, leur combat, leur faiblesse, leur fatigue...  et je repense à ce texte que j'ai écris pour Kaléïdoplumes, en m'inspirant d'eux...


Répondez à la question :

" Qu’y a-t-il de beau en cela ? "

Avec cette phrase à insérer dans votre texte:
"Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime."

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Avec ton visage difforme au regard si souvent délié, tu frappes et cries puis tu pinces et griffes. Assise au sol, sans cesse à rompre ces objets contre ton menton, je suis plantée là à te regarder faire et tous ces mots que je ne peux dire traversent mon corps de femme.
Je ne m’attendais pas à toi. Tu es arrivée sans même prévenir et éveilles en moi une émanation de sentiments contraires. Oh mais que peux-tu donc provoquer d’autre chez moi ?
Je ne savais pas quoi faire de toi… J’étais si jeune… Je ne suis pas ta mère, tu ne peux pas être ma fille. Et sur ce lit froid, je t’ai si souvent laissé pleurer sans sourciller. Je ne pouvais pas t’entendre car je ne n’arrivais même pas à te pleurer. Je ne peux pas m’identifier à toi, tu ne pourras jamais t’identifier à moi. Tu n’es pas celle que j’attendais… Je ne voulais pas de toi. Mais pourtant tu es là avec ce corps qui est le tien… avec notre vide et tous nos riens. Puis la pitié des autres se transforme en absence, les amitiés glissent vers le silence. Je suis seule avec toi à soutenir nos échanges, à tenter de comprendre ces goûts de rance. 

« Qu’y a-t-il de beau en cela ? »

Sur le fil on se tient et tu maintiens dans tes gestes le peu de vie qu’il me reste. Puis le temps se remet en route lorsque mes doutes laissent place chaque jour à des grains d’amour que tu m’offres dans l’étreinte de tes sourires, dans l’apothéose de nos rires. De la rage au partage, les écueils que l’on cueille se transforment en tendresse et d’une douce caresse dans tes cheveux que je tresse, tu deviens Vie, je deviens Mère, oh sais-tu comme tu m’es chère ?
Ma tendre enfant, j’aime à penser que malgré nos colères, quand ta voix chantonne quelques airs, une idée désormais se dépose à l’orée de nos matins, à la floraison de nos lendemains « que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime » dans nos deux cœurs qui enfin s’animent.



Ju'                      



17 octobre 2017

Combat et spiritualité




Et bien voilà, ça y est ! Je suis enfin de retour chez moi ! Je ne sais pas trop bien quoi dire. A vrai dire, je ressens la nécessité de faire le point, sans me sentir en mesure de le faire. 

Parce que ces trois semaines à combattre avec mon équipe n'ont pas abouti à ce que nous espérions. Beaucoup de colère, de tristesse, de déception et autant de larmes versées...  
La procédure du licenciement économique est bien entamée. D'ici deux semaines, je serai considérée comme chômeuse. Bien que, cela fait déjà deux mois et demi que je ne travaille plus. 




J'ai passé ces trois semaines chez ma collègue Flo (pour rappel : Âme-sœur)... entre stress, préparation des différentes manifestations, fédérer l'équipe, se mettre en contact avec toutes personnes susceptibles de nous aider, la constitution du dossier pour Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé, les coupures de presses...


Mais pour la survie psychique, nous avons fait quelques balades, méditations, activités avec ses enfants, développer notre côté créatif (piano, dessins, couture...). S'imposer des temps pour se reconnecter, revenir dans le présent, pour ne pas se laisser bouffer par l'aspect chronophage qu'impose le combat.

Ces trois semaines sont passées à une allure folle... et en même temps... nous avons été traversées par tant d'émotions...



Est-ce fini ? Cela m'a tout l'air... Le dossier pour la Ministre a été envoyé, les copies aux autres instances ont été envoyées... Il ne me reste plus qu'à écrire cette lettre ouverte aux gestionnaires de l'association.... et je passe à autre chose. 
Si je ne le fais pas... J'aurai encore plus mal à mon humanité. Je ne le fais pas pour l'appât du gain, je ne le fais pas pour gagner quelque chose... Je le fais pour mes valeurs, pour montrer aux salariés de l’association comment nous avons été traitées... Pour que nous ne partions pas sans que les choses soient dites et sues. Pour poser nos petites bombes là où on le peut encore... sans être tenue par l'espoir de gagner... 

Nous étions 6 salariées... minables... qui ne pèsent pas lourd... et nous avons fait ce que nous avons pu pour faire du bruit... Nous ne pouvions plus rien faire de plus... Si ce n'est d'attendre le retour des petites bombes posées à l'Agence Régionale de Santé et à la Ministre de la Santé !

Je suis lessivée. Vidée. 

Dans deux semaines, j'entame mes concours d'entrée en école d'éducateur de jeunes enfants, mais l'énergie pompée par ce combat ne me permet pas ce jour de me sentir présente pour mes projets... 
Encore besoin d'un temps de transition... Pour m'imprégner de ma réalité... Sortir de cette parenthèse dans laquelle j'étais... Revenir à mes priorités... retrouver l'énergie vibratoire qui m'anime... 
Je n'en suis pas encore là... 
J'ose croire de toute façon, que ce combat m'a forgée... J'en ressors grandit... et même si je ne me sens pas prête à aller passer mes concours... Ce que j'ai vécu dernièrement m'y a préparée, je n'en ai aucun doute !

Tout ce que j'ai mené de front avec ma collègue Flo a été une difficile mais riche expérience. Et même si nous n'avons pas obtenue ce que nous voulions, j'ai retiré un grand enseignement de ce combat...






De l'enseignement dans ce que j'aime le plus... L'humanité ordinaire... car parmi les ruines poussent aussi des fleurs... Les personnes rencontrées, les personnes qui nous ont tendu la main, les personnes qui nous ont soufflé des idées...  La manière dont les délégués syndicaux nous ont épaulées, les déléguées du personnel aussi...

Ces rencontres, ces rires, ces colères partagés, ces mots d'encouragement qui font du bien  et qui poussent encore plus loin ! Même si de moins en moins de monde sont en mesure de se mobiliser, ceux qui étaient là.... nous ont donné de la chaleur humaine !

La manière dont on se soutient, s'entraide avec Flo. Notre capacité à rester ouverte, à tenter de ne jamais rompre le lien avec l'équipe,  à faire de notre mieux pour rester empathique alors que la situation parfois peut provoquer tout l'inverse.


J'ai découvert aussi un autre pan de ma personnalité : combative, tenace, un peu leader quand même... J'ai gagné en satisfaction, en confiance en moi, en estime, à me battre pour la dignité humaine et non pour l'argent... Je suis fière d'être révoltée, indignée, tout en étant spirituelle et prendre la vie comme elle vient...

J'ai appris dans ma quête de la paix, de la sérénité, qu'il ne s'agissait pas de se dépouiller de tout, ni de faire abstraction de tout au point de ne plus se sentir concernée par rien. Mais d'être en paix et sereine avec la personne que je suis, agir en fonction de mes valeurs, et contribuer à une cause qui en vaut la peine.
Être en paix... C'est aussi agir pour ne jamais regretter ! Être dans la spiritualité, ce n'est pas faire comme si rien ne m'atteignait. Lâcher prise, ce n'est pas faire comme si cela n'était pas important... Mais c'est de pouvoir accueillir et accepter les choses telles qu'elles sont et agir en conséquence. Puis en faire une analyse en posant un regard positif dessus.




La vie reste belle ! La vie est abondance ! La vie est amour ! 



Ju'