"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

22 septembre 2025

Défi : les mots d'Inktober 2025...

Hello ici !!! 

Je vais vous partager un petit défi que je me lance avec l'arrivée d'octobre et de son fameux Inktober. 

Inktober, c’est un défi mondial qui invite, chaque jour d’octobre, à créer à partir d’un mot-clé : au départ avec des dessins à l’encre, mais depuis, beaucoup l’ont réinventé dans l’écriture, la photo ou d’autres formes créatives.




Pour ma part, je vais tenter l'écriture et le dessin...  Si je trouve le temps entre mon boulot, mes cours de dessins et de peinture, les relations et toutes les charges du quotidien.

Si vous avez envie de participer pour l'écriture avec moi... voici ce que je vais m'imposer comme consigne pendant les 31 jours d'octobre... Un mélange de poésie et des 100 mots de Queneau. 

Chaque jour d’octobre, je prends le mot proposé par Inktober.
J’écris d’abord une métaphore inattendue, puis je la développe en un texte de 100 mots pile. Ni plus, ni moins. 

Je m'impose de partager dans ce texte, toujours quelque chose chez moi de vrai, d'authentique, de vécu... parce que chaque mot réveille une expérience, une trace, un pli de ma propre vie, que les mots déplierons.


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Voici un exemple avec le mot : PAPIER


Métaphore : 

Mon corps est une feuille de papier froissée qu’on a tenté de lisser trop de fois.


100 mots : 

Il garde les plis, même quand on passe la main dessus, même quand on appuie fort pour le rendre “comme neuf”. J’ai longtemps essayé de cacher ces marques, ces traces de l’histoire que j’aurais préféré oublier. Mais un papier sans pli, c’est un papier qui n’a jamais servi. Il n’a rien porté, rien transmis, rien vécu. Alors je regarde mes plis autrement : comme les preuves d’un passage, d’un poids, d’une lettre envoyée, d’un mot reçu. Oui, je suis froissée. Mais ce froissement est aussi ma texture, mon relief. C’est ce qui me rend unique et lisible.

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Hésitez surtout pas à me dire si vous participez avec moi à ce défi, comme ça, je vous rajoute dans ma liste de blog. Et à chaque fois que je trouverai un moment, je viendrai vous lire.

Au plaisir,
Ju'


1 septembre 2025

🕯️Figement brut...

Ecriture thérapeutique


Depuis ce matin, je suis dans un état de figement.

J’essaie de ne pas fuir ma sensation.
Mon corps est douloureusement désagréable à ressentir.

Etrangement, tout est parti d’une phrase entendue lors d'une discussion avec une amie consœur, et que j'ai pourtant entendue des cinquantaines de fois maintenant :

« J’ai une nouvelle cliente. »

J’ai senti une sensation dans le bide…
Comme une flèche qui m’a traversée de part en part, réveillant une blessure ancienne.


L’impression que j’en ai ?

Je suis en train de me faire rattraper.

Ça réveille la part en moi qui souffre, celle qui ne peut plus avancer.
Cette sensation, encore une fois, de voir les autres avancer, vivre…
Et moi, figée là.

Je sens mon cœur battre, taper contre ma poitrine.
Ça brûle à l’intérieur : de la trachée jusqu’au cœur, puis jusqu’au ventre.
Je suis en apnée.
Je reconnais ce pic d’angoisse, qui depuis ce matin se diffuse en anxiété.

Une part de moi a envie de hurler.
Une autre de pleurer.
Une autre encore de fuir, de ne pas faire face. D’abandonner.

Cet état… je le reconnais.
Il appartient à une mémoire. À une scène du CE1.
Un moment qui m’a paru durer une éternité.

Je ne sais pas s’il s’est écoulé une journée, une semaine ou quelques heures…
Cela reste flou.
Mais je savais que ma maladresse allait me coûter cher.

LA PUNITION.

Pas de répit : hypervigilance à la maison, hypervigilance à l’école.

Je suis assise sur ma chaise, face à ma table.
Devant moi, mon cahier. Les pages sont rigides, séchées par la colle que j’ai renversée sans faire exprès.
Je suis figée là. Aucun moyen d’y faire face.
Je voudrais disparaître. Mais je ne peux pas.
Je sais qu’à un moment, je vais devoir subir.

Le temps est devenu flou. Peut-être des heures, peut-être des jours.
Je suis restée là, assise, sans jamais faire corriger cet exercice.
Je suis passée de la tête de classe au dernier wagon du train.

Je voyais les autres aller au bureau, revenir avec de nouveaux exercices.
Les petits bâtons s’ajoutaient devant leurs prénoms.
Le mien, lui, restait figé. Figé dans le temps avec moi.

Et puis un jour…

« Ju', dis donc, ça fait longtemps que tu n’es pas venue faire corriger ton exercice… Amène ton cahier. »

Je le savais.
Mais ça n’a rien enlevé à la difficulté de me lever, de marcher vers ma sentence.
J’étais totalement dépendante de cet adulte.

« C’est quoi ça ?!? Mais t’as vu l’état de ce cahier ?! »

Il secoue le cahier, me pince le nez entre ses doigts, me fait secouer la tête.
Puis… il envoie le cahier par-dessus les têtes de mes camarades.
Il s’écrase contre le tableau noir, puis tombe au sol.

« Va récupérer ce torchon ! »

Et il écrit dans le cahier :

«Ju' n'avance pas dans son travail. C'est une enfant sale »

Il me demande de le faire signer par mes parents.

Double peine.

Je rentre chez moi, je marche encore une fois vers ma sentence.
Tendre le cahier à ma mère. Montrer le mot, oui…
Mais aussi avoir à le traduire moi-même. Dire à voix haute ce qui est écrit.
C’est une torture intérieure. Un combat perdu d'avance face à ces grands.

Subir. Compter les secondes face à la menace.
Savoir qu’au moment où je dirai ces mots, je recevrai la foudre.
Tendre le bâton pour me faire battre.

Triple peine.

Depuis ce matin… je me sens figée.
Cette réminiscence m’a chopée sans prévenir.

Je n’essaie pas de fuir.
Je veux comprendre cette impossibilité à me retrouver.
Ce figement. Cette anxiété.

Comment une simple phrase peut réactiver l’expérience de me sentir minable aujourd’hui.

Je reste connectée à la sensation.
Je la cherche dans mes tripes.
Je recontacte cette Moi figée, qui revient en pleine face.

Cette petite fille seule, démunie, face à la violence des adultes.
Celle qui est restée immobile pendant que les autres avançaient.

Celle qui a fait l’expérience que la plus petite maladresse pouvait déclencher une avalanche de violence.
Celle qui a encore besoin d’être sécurisée.


Petite Moi…



Tu n’es plus toute seule maintenant.

Tu n’avais pas beaucoup d’options à ce moment-là pour sauver ta peau.
Tu as attendu le plus longtemps possible pour te protéger.
Et tu as fait de ton mieux.

Tu n’avais que 7 ans.
Tu as dû composer avec un environnement qui ne savait pas voir ta fragilité.

Je sais à quel point cette expérience a fait exploser ta jauge de stress.
Je sais que personne n’était là pour te dire que la réaction des adultes était démesurée.
Personne ne t’a dit que tu n’avais rien fait de mal.
Et pourtant, tu n’avais rien fait de mal.

Tu avais juste renversé de la colle.
Et pour cela tu as subi violence, humiliation, attaque. 

Je suis touchée avec toi. Profondément. Dans mon corps.
Et je suis tellement désolée que tu aies dû subir tout ça.

Si j’avais été là, je me serais mise entre toi et ces adultes.
Et aujourd’hui, je suis là. Je me mets là, avec toi.

Je ne laisserai plus jamais personne te faire du mal ainsi.




Les sensations se sont dissipées... Je respire à nouveau.

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