Vous allez très certainement me voir parler d'amour dans mes prochains billets. Parce que j'entame un travail et une introspection dans ma vie amoureuse... J'ai besoin de poser enfin les mots qui trottent dans ma tête depuis bien trop d'années et qu'il est maintenant temps que je leur offre une place pour qu'ils puissent prendre forme.
Je ressens désormais cette néccessité de mettre un peu plus de matière à ce qui constitue cette part de moi qu'au quotidien je ne veux pas montrer. J'aime l'idée d'aimer... de comprendre l'autre, et surtout dans le travail qui m'anime, de répondre au plus près des besoins des autres tout en respectant la personne que je suis. Depuis très jeune, j'ai mis un poing d'honneur à offrir aux autres ce que moi-même je n'ai pas pu recevoir.
J'aime cela, et parfois, j'ose affirmer vraiment que je suis assez bonne là-dedans. Et pourtant, il y a cette forme de paradoxe que je ressens au fond de moi et elle est énorme... Il y a comme quelque chose qui ne colle pas, qui ne va pas avec ce que je ressens profondément envers moi-même et ce que je ressens pour toutes ces personnes, ces petites tranches d'humanité. Je suis capable d'aimer l'autre mais tant que cela ne m'engage pas trop dans la relation. En ce sens, la relation intime m'est presque difficile, voire insupportable... Car je sais avoir vécu des histoires pour lesquelles je me suis sentie enfermée dans le regard de l'autre, dans la déception de leurs attentes, et qui m'ont toujours mis cette pression insupportable de ne pas être assez bonne, ni jamais à la hauteur.
Réalité ou pas pour ces hommes, c'était ma réalité à moi.
Je pensais autrefois, que mon bonheur se trouverait dans ma relation de couple, à travers l'amour que je recevrai... Et d'histoires en histoires, je pensais pouvoir me réparer. Alors que je pensais qu'il était absolument nécessaire de dire à l'autre toutes les soumissions que j'ai eu à vivre dans ma vie, soumissions face aux sévices corporels, face aux agressions physiques et sexuelles, face à la maltraitance psychologique aussi, en pensant qu'ainsi ils pourraient comprendre certains de mes blocages... Je faisais porter un poids énorme qui ne leur appartenait pas... Sauf que moi, du haut de mes 20 ans, je croyais profondément que c'est cela qui me sauverait... Sauf qu'évidemment, je me trompais complètement...
Et sans le savoir, cette croyance que je porte en moi, aussi inconsciente soit-elle, de ne pas être un objet d'amour a créé des situations qui me renforçaient dans cette idée, et qu'aussi bonne puisse être mon âme, je ne suis pas un objet d'amour.
Je ne prenais donc pas le temps de me reposer, d'une rupture à une autre histoire, sans cesse j'ai tenté d'aller combler ce vide d'amour. Et puisque j'ai connu l'amour dans la violence et la dénégation de soi, j'ai retrouvé à travers toutes mes histoires la même situation. Quand bien même au début certains hommes étaient bienveillants, d'autres non, j'en ai transformé quelques uns, poussé dans leurs retranchements jusqu'à m'humilier. A croire que j'aimais ça ! C'était comme pendant toute mon enfance où j'avais encaissé les coups et comme ça aussi que je ne comprenais pas pourquoi le monde pouvait être aussi cruel...

Suite à ma dernière rupture, qui date maintenant de bien des années, j'avais décidé de vivre pour moi. De ne plus chercher de béquilles pour survivre, et me rendre compte petit à petit que la vie n'était pas que suffocation. Mes ailes se sont déployées assez rapidement. En quelques années, tout ce qui sommeillait au fond de moi a éclaté. Cette conscience mise en veille a, je ne sais de quelle manière, pris une place considérable. Je me suis alors rendue compte très vite que je provoquais, que je créais toutes ces situations là. Que ce n'était pas que les autres ! J'avais cette grosse part de responsabilité dans ce qu'il m'arrivait et dans ce que je vivais... Tout à coup, la vie a pris un autre sens. Je commençais à en apprécier les saveurs, les couleurs, les détails, les vibrations... Je commençais réellement à saisir le sens du bonheur... Et je n'avais pas besoin d'hommes pour cela... J'avais seulement besoin de moi, de mes désirs, de mes envies...
Et pendant quelques années, je pensais du plus profond de mon être que c'était un bonheur de ne plus ressentir cette dépendance affective, de retrouver son propre pouvoir. Chaque homme que je rencontrais, je ne leur permettais pas d'accéder à mon intimité, je le protégeais comme un trésor, au point où j'avais complètement fermé la porte à l'Amour.
Ma plus grande qualité et mon plus gros défaut en cette période-là était l'auto-suffisance... Je me suffisais à moi-même. Pourtant, j'avais besoin de l'autre, de mes amis, de mon réseau social, de mon travail... mais je m’auto-suffisais.
Je sais désormais que cela fait partie de moi. Depuis longtemps, depuis presque toujours. Car c'est ainsi que j'ai survécu dans ma jeunesse, dans ma propre solitude, entourée de tous ces gens au sein duquel j'avais l'impression d'être une extra-terrestre. Trop sensible, je faisais toujours toute une histoire pour une situation qui paraissait si banale pour les autres. Quand on ne trouve pas le soutien, la sécurité affective des parents, quand ta mère est envahissante, manipulatrice, humiliante, dans l'incapacité de t'accueillir, toujours dans l'annulation de tes états d'âme, et que tu as autour de toi des adultes qui te disent d'être sage pour pas subir la colère des parents... Et bien, j'ai compris très vite et très jeune que j'étais seule.... Et pour éviter de me sentir envahie, j'ai mis de la distance dans ma relation aux autres, surtout quand celles-ci deviennent trop intimes. J'ai ainsi fonctionné toute ma vie...
Je suis donc faite de cette essence là... j'en suis désormais consciente.
Entre temps, j'ai appris réellement à aimer, l'empathie, la bienveillance, la communication non-violente...
Depuis
peu j'ai appris à accueillir les manifestations d'amour des autres
envers moi. A les chérir et à accepter vraiment la possibilité que l'on
puisse aimer mon âme, mon esprit sans me sentir comme une imposteuse.
J'ai appris la gratitude, à remercier au lieu de minimiser ce que je
donne et qui je suis. Je ressens de moins en moins le besoin de poser cette question "Mais pourquoi m'aimes-tu ?".
Malheureusement, aujourd'hui encore, je sais pourquoi ce blocage est si intense. Cette croyance-là est toujours présente. Et je la porte toujours en moi. Bien que je sache aujourd'hui avoir un regard différent, d'être un chouya plus consciente des enjeux dans la relation, je ressens encore cette peur de ne pas être à la hauteur. Car je connais mes défauts, mes besoins viscérales d'être parfois dans une solitude profonde, et j'entends malheureusement encore la voix de cet homme dénigrer ce que je suis dans mes entrailles... Il me reste encore cette lourde blessure, qui date bien d'avant lui, et qui ne se referme pas. Je m'en suis protégée en restant loin de relations intimes et quotidiennes et jusque-là, je m'en suis bien portée.
Alors pourquoi tout à coup vouloir changer de chemin ?
Parce que je sais vivre avec de mauvaise croyances, limitantes, et tant que je resterai avec elles, rien ne bougera. Aujourd'hui, je veux trouver cette personne et ce n'est plus la peur de souffrir qui me possède. Je veux faire disparaître cette croyance que je n'ai pas le droit de me sentir aimée, que je ne rencontrerai jamais personne. Parce qu'en effet, je n'ai plus peur, et je souhaite du plus profond de mon être de connaître l'Amour authentique, de ne plus espérer d'être dans l'attente que l'autre soit parfait à ton image... si je venais à mourir demain... je regretterai de ne pas avoir connu cela...
Je veux vivre l'amour qui transcende, qui élève, qui exhausse.
Je veux revivre l'amour qui fasse rire aux larmes, et partager des conversations à n'en plus finir.
Je veux connaître du partage, où nos égos sauront se calmer pour laisser place à la vibration d'Être.
Je veux vivre l'amour dans nos silences, dans nos failles et nos espoirs.
Et je suis prête à emprunter le chemin qui me mènera vers cela.
On m'a souvent dit que j'étais devenue trop exigeante, que je faisais peur à être trop heureuse... Qu'un homme a besoin de protéger sa femme... Cela me fait sourire gentillement...
Je ne veux pas de protection, je veux de la transcendance...
Puis quand je vois que j'acceptais n'importe quel homme autrefois... je me dis que j'y gagnerai aux changes désormais et qu'il est préférable de me respecter et de me rendre ma propre valeur.
Ju'Lyn