"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur et rien d'autre." Paul Eluard


“ L'écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre. ” Jean Rouaud

“ L’écriture est à la fois une façon d’être dans l’humanité et au plus près de l’humain. ” Philippe Claudel

30 septembre 2021

Lettre à Tho.

 

30 septembre 2021

Mon Thomas,

 

Cela fait exactement une semaine que je vis avec la nouvelle que tu n’appartiens plus à ce monde. Tu sais, j’ai eu beaucoup de mal à me faire à l’idée ou encore à te pleurer pendant cette semaine. Parce que je crois que je me devais de rester forte pour la famille. Je sais que tu ne t’es pas rendu du tout compte à quel point le choix que tu as fait de mettre fin à tes souffrances a créé chez nous une souffrance considérable. Je ne t’en veux pas, mais j’ai mal pour tes parents, pour tes sœurs et Alphonse. J’ai eu mal de voir comment tes sœurs se sont retrouvées projetées dans un avenir sans toi. J’ai eu mal à entendre Fabrice, Alphonse, Sam, Tonton pleurer à s’en étouffer tellement ils ont été rongés par la culpabilité, la tristesse, la colère ou encore l’incompréhension de ton geste. J’ai eu une tristesse profonde pour tes nièces Gila. et Alice., pour leur père Jules et Colin qui vont aussi devoir faire face à leurs propres émotions et celles de leur femme, eux tout en prenant soin de leur bébé. Avec ta propre souffrance, tu ne t’es certainement pas rendu compte de l’impact que ton geste allait avoir. Je ne t’en veux pas, je comprends. Je comprends à quel point tu devais être mal, en désespoir. Je comprends que tu aies pu en arriver à ce geste fatal. Je comprends, mais j’ai mal.  

Tu vois, mon Thotho, quand j’ai vu souffrir tout notre entourage, je ne te dis pas à quel point je peux imaginer que cette douleur qui a transpercée notre cœur peut être décuplée pour ta famille proche. Ton père, ta mère, tes sœurs. Je comprends ton geste, mais j’ai mal pour eux. J’ai besoin de te le dire bien que je suis persuadée que tu le sais déjà désormais.

Vraiment, mon Thotho, je suis dans le regret que la vie ait tracé nos chemins, nous a emmenés chacun d’entre nous sur des chemins qui ont si peu croiser la tienne, ta route profonde et intime, et j’ai l’impression qu’elle a choisi de te laisser sur le bord de la route. J’ai le regret profond de ne pas avoir appris à mieux te connaître, comme j’ai pu le faire avec tes sœurs, et les autres cousins. Je suis partie si tôt de la maison, et tu étais si jeune à cette époque. Lorsque je suis revenue, tu t’es envolé pour l'Australie. Tu ne savais pas à quel point j’étais fière de toi. Je te l’avais dit que tu m’inspirais et que jamais je n’aurais osé partir de l’autre côté de la terre, seule, sans amis sur place pour m’y installer. Le fait que tu aies osé m’avait tellement inspirée.

Dieu sait combien je t’aime et que je te porte dans mon cœur, comme tous nos frères et sœurs. La vie ne m’a pas laissée la chance de mieux te connaître, ni de te montrer que peut-être, tu aurais pu trouver une écoute bienveillante chez moi, un soutien inébranlable de ce que tu peux traverser. Peut-être que cela n’aurait rien changé, je le sais, mais j’ai ce regret-là qui est né chez moi depuis que je me fais à l’idée que tu n’es plus là. Mon Thomas, les larmes me montent actuellement. Je suis tellement triste que la vie ne nous ait pas laissé cette chance-là. Tellement triste, mais je ne m’en veux pas, je ne t’en veux pas. Tout est clair et limpide pour moi. Je suis triste que la vie, ses circonstances, nos choix de vie, nos rencontres ont mené à ce que tu ailles aussi mal. Je suis triste à l’idée de ne plus pouvoir te serrer dans mes bras, de t’entendre m’appeler avec ta voix et ton sourire.  

Mon Thomas, j’ai des croyances spirituelles et des connaissances psy, qui m’apaisent aussi énormément malgré cette tristesse profonde, je ne lutte pas contre les images de toi qui m’apparaissent. Les belles comme les plus dures, celles où je te vois sourire au milieu de nous tous ou celles où je te vois en train de te préparer à mourir. Celle où tu te trouves mieux, soulager, en paix car tu sais que cela va se terminer. Toutes ces images me rendent si triste mais je ne lutte pas contre elles. C’est encore un peu de toi qui est là avec moi et je suis sereine pour t’accompagner vers ta lumière. Je t’accompagne avec ma peine, mon amour pour toi. Je t’accompagne avec cette douleur et la joie dans la famille qui pour le moment a volé en éclat. Je t’accompagne avec cette douloureuse gratitude d’avoir permis à tous nos frères et sœurs de nous dire « je t’aime, je suis là si tu en as besoin. » Je t’accompagne avec gratitude perlée de mes larmes pour te remercier car sans toi, je n’aurais pas démissionné de mon travail aussi rapidement. Tu m’as donné ce courage de ne pas rester là où ça ne va pas.

Laisse-moi te pleurer encore un peu pendant que je te dépose ces mots. Parce que c’est tellement dur pour moi. C’est la première fois de ma vie que je suis aussi triste et pleine de gratitude à la fois. Tu ne peux pas savoir à quel point je t’aime mon Thotho. Je t’aime tellement…

Au revoir ici ou ailleurs…

                                                            Ju'lyn qui t’aime.

5 septembre 2021

Un post par an ? Je vais y remédier j'espère !

 

Hello hello... s'il reste encore une âme errante à part moi par ici.

Je constate que la dernière fois que je suis passée par là c'était il y a un an. Et oui... punaise... Ecrire... Si seulement j'arrivais à reconsacrer du temps à cette activité que j'affectionne tant. 

Il est vrai que j'ai eu trois années relativement intenses, où le geste d'écrire était synonyme d'élaborer des dossiers, le mémoire, des analyses de pratique professionnelle et de communication professionnelle... J'ai fait une sacré overdose de mon outil informatique. 

Cela fait maintenant 4 ou 5 mois que j'ai terminé ma formation EJE. Depuis, j'ai écrit autre chose... mais j'ai ressenti beaucoup de difficulté à revenir par ici.

Ce blog a été créé à un moment vraiment charnière de ma vie. Je me revois encore écrire pour déverser les émotions qui me transportaient suite à mon licenciement économique. Depuis, j'ai rebondi, j'ai pris le temps de suivre le timing que la vie m'a proposé. Et me voilà sortie doublement diplômée. J'ai validé ma licence en Sciences Sanitaires et Sociales avec la mention Très Bien et j'ai obtenu en parallèle mon diplôme d'Etat d'Educateur de Jeunes Enfants. 

Parfois, il m'arrive de sourire quand je vois que je ne prévois pas beaucoup de choses dans la vie, et que j'ai toujours fait en sorte de me laisser porter par mes intuitions lors des moments difficiles et charnières de ma vie. J'entends cet appel et j'y vais sans réellement parfois savoir les raisons qui m'y poussent. Je n'avais jamais, mais Oh grand jamais prévu de mon projet professionnel d'entamer des études d'éducateur de jeunes enfants. Et me voilà, depuis deux semaines à exercer en crèche. 

Ma foi, la vie est comique, et j'en rigole je vous le dis ! Car durant toute ma formation, j'ai fui la crèche comme la peste. Je me suis dirigée vers les structures sociaux, en prévention. Et je termine diplômée en crèche. L'ironie du sort ou l'art de suivre son intuition. 

En bref, voilà deux semaines que j'ai débuté pour un grand Groupe privé et national. Pour le moment, j'avouerai que le travail en crèche ne me plaît pas du tout. Du moins dans la crèche dans laquelle je suis tombée. Je suis très, mais très, mitigée de toute façon, et depuis mon premier stage en crèche, par le manque de reconnaissance des politiques sociales et ce qu'ils accordent en termes de moyens humains. Je me retrouve ainsi confronter à un travail à flux tendu qui me rappelle étrangement l'usine en EHPAD, pour y avoir aussi travailler. Je me rends compte désormais que je suis immergée dans une crèche à quel point les politiques ne conscientisent pas du tout, mais pas du tout la difficulté que représente la réalité du terrain. 

Je ressens depuis deux semaines chez mes nouveaux collègues les répercussions des années de travail et du manque de reconnaissance, du rythme soutenu dans la gestion et de l'organisation au quotidien, et la difficulté de l'employeur à recruter des CAP petite enfance, des Auxiliaires de puériculture, des éducateurs de Jeunes enfants. Les professionnels désertent les crèches, et celles qui tentent l'expérience change de lieu de travail sans arrêt. Il y a un turn-over assez impressionnant dans ce milieu. Même moi, c'est bien la première fois que j'arrive dans un nouveau lieu de travail et qu'au bout de deux semaines, l'idée de partir me traverse déjà. Je sais que mon investissement et mon engagement dans ce type de structure pourraient avoir raison de moi. Je sais que pour mon bien-être psychologique et psychique, je serai capable de faire du bénévolat à la maison pour rattraper tout l'espace temps que je n'aurais pas durant mon temps de travail. 

Bref, ensuite à côté de cela, bien d'autres projets, sur du moyen-long termes, sont en train d'être planifier. Mais c'est encore une autre histoire.